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Rencontre avec Maxine Roper, co-fondatrice de Connecting Food

La blockchain est aujourd’hui au coeur des problématiques de traçabilité alimentaire. Grande distribution, fournisseurs d’ingrédients ou entreprises agro-alimentaires : tous sont concernés. Nous sommes allés a la rencontre de Maxine Roper, co-fondatrice de Connecting Food. Le pari de Connecting Food ? Une totale transparence.

Qu’apporte la blockchain à l’alimentation aujourd’hui ?

Vaste question ! Il existe de nombreux cas d’usages de la blockchain dans le secteur alimentaire. Depuis le partage de données à la ferme jusqu’aux applications consommateurs, en passant par les cryptomonnaies appliquées au commerce de matières premières agricoles. Globalement, la promesse de la blockchain réside dans le fait qu’il s’agisse d’un réseau décentralisé (ou distribué) et elle est double.

  • Elle apporte de la transparence là où jusqu’à présent un acteur détenait seul les informations sans systématiquement les partager avec les autres acteurs de la filière.
  • Elle authentifie et sécurise les transactions, car une fois que des données sont inscrites en blockchain, personne ne peut les modifier à moins qu’en informer tous les acteurs du réseau.

En revanche, une chose que ne fait pas la blockchain est de vérifier si les informations qui y sont inscrites sont vraies. Quand on parle d’ « authentification », il s’agit simplement d’identifier l’acteur de qui provient l’information. Mais pas de vérifier si la donnée est cohérente ou permet d’assurer que le produit est de bonne qualité. La blockchain ne sait pas faire cela. C’est précisément pour cette raison que chez Connecting Food nous avons ajouté un module d’audit à notre plateforme blockchain. Il s’agit d’un ensemble d’algorithmes et de règles métier que l’on applique aux données qui transitent sur notre plateforme. Avant de les enregistrer en blockchain, nous allons vérifier que ces données correspondent bien à ce qu’elles devraient être selon leur cahier des charges.

C’est une différence fondamentale, car c’est comme avoir un auditeur digital présent 24h/24 à chaque maillon de la filière !

 

Comment voyez-vous l’évolution de la blockchain et son impact sur l’avenir de la nutrition ?

Aujourd’hui, il est évident que la blockchain est en train de s’imposer comme la technologie à utiliser pour renforcer la traçabilité alimentaire et plus généralement la transparence. Disposer d’une technologie qui permette de partager des informations avec tous les acteurs d’une filière, de la ferme jusqu’au consommateur, sans avoir besoin de tiers de confiance est un grand pas vers une alimentation radicalement différente et plus transparente !

L’impact de la blockchain en soit est une chose : plus de transparence, confiance améliorée entre les acteurs d’une filière, s’affranchir des tiers de confiance… Mais pour aller vers du véritable contrôle qualité amélioré, il faut une plateforme qui capture et vérifie les informations à chaque niveau des filières. De la ferme (où l’alimentation est créée), jusqu’à la sortie de l’usine et passant par les étapes de transformation. Il faut que cette plateforme suive les produits lot par lot, pour pouvoir alerter la marque si la matière première n’est pas vraiment bio, si elle contient des pesticides, des additifs ou autres produits. L’avenir de la nutrition se joue dans la transparence totale et pas uniquement autour des données nutritionnelles génériques ou des listes d’ingrédients, qui se retrouvent déjà sur les étiquettes.

Quelles sont les contraintes associées à la mise en place de telles solutions pour les acteurs de la nutrition ? Comment les lever ?

Historiquement, les industriels agro-alimentaires ont longtemps fait des promesses aux consommateurs, et compté sur le fait que la notoriété de leurs marques donnerait le crédit nécessaire à ces promesses, pour qu’elles ne soient pas remises en cause. Aujourd’hui, on assiste à un changement de paradigme total dans tout ce secteur (acteurs de la nutrition compris) puisque les consommateurs n’acceptent plus cette situation. Armés de leur smartphone, ils veulent vérifier que les produits sont réellement ce qu’ils prétendent être.

Face à cette situation, les marques sont obligées de changer radicalement leur manière de communiquer au consommateur, mais pas seulement.  Beaucoup plus en profondeur, elles doivent revoir leur manière de produire en veillant à une meilleure traçabilité, et à un audit qualité systématique, car seulement l’audit continu et en temps réel permettra d’éviter les rappels produits.

Et pour faire tout cela, n’est pas transparent qui veut ! Pour assurer une traçabilité de la ferme à la fourchette, nous avons besoin de données. Rassurez-vous : elles existent déjà dans les exploitations, dans les usines, et à chaque étape de la chaîne alimentaire sur différents types de supports. Aujourd’hui chez Connecting Food nous sommes capables de récupérer de la donnée peu importe sa source, pourvu qu’elle soit fiable. C’est-à-dire, qu’elle ne soit pas rentrée à la main sur notre plateforme, mais qu’elle provienne d’un outil déjà utilisé sur la filière.

Néanmoins, chacun son rythme : nous avons déjà de nombreux clients qui sont très moteurs et qui avancent déjà avec nous, et nous voyons que le marché est en train de mûrir. Les industriels et les marques sont en train de comprendre que s’ils n’apportent pas aux consommateurs la transparence qu’ils attendent, leurs concurrents le feront, ou des nouvelles marques arriveront sur le marché pour le faire.

Nous sommes à leur disposition pour avancer concrètement en ce sens et les aider !

Comment s’assurer de ne pas tomber dans la blockchain « gadget » ?

C’est vrai qu’on en voit passer en ce moment ! C’est un sujet un peu hype dans beaucoup d’industries.

La réponse que nous apportons à ceux chez qui nous identifions le risque d’une blockchain « gadget » est toujours la même : pour apporter ce niveau d’information aux consommateurs : ont-ils vraiment besoin de blockchain ? Il nous semble tout à fait inapproprié d’utiliser cette technologie pour simplement raconter une histoire si cette histoire émane de la marque elle-même.

En revanche, là où la blockchain a toute son importance, c’est quand il s’agit d’échanger des données (parfois sensibles) entre acteurs dont les intérêts business peuvent être opposés. En effet, en tant que registre décentralisé, elle agit en tiers de confiance, tout en permettant de gérer des autorisations.

Concrètement, lorsque nous mettons en place notre plateforme, nous définissions avec notre client et toute sa filière les règles de leur consortium. Qui va pouvoir avoir accès au réseau, comment, et quelles informations va-t-il voir et / ou inscrire. Cela est propre au type de blockchain que nous utilisons : hyperledger fabric, qui est la blockchain la plus adaptée au business.

Quelles sont les caractéristiques de Connecting Food qui rendent votre solution utile sur le marché ?

Connecting Food est une plateforme de transparence à destination des industriels de toutes les filières, qu’ils soient producteurs, transformateurs ou distributeurs. Nous les aidons à assurer une traçabilité sans faille et en temps réel de leurs filières de production, et leur procurons un outil d’audit qualité entièrement digitalisé, capable de vérifier que 100% des lots de produits qui transitent sur leurs chaines respectent bien les critères de leur cahier des charges.

Ce sont ces deux piliers, traçabilité & audit qualité, qui nous permettent de nous positionner comme la seule plateforme de transparence TOTALE.

Une fois que nous travaillons avec un client sur ces deux aspects, les résultats peuvent être montrés au consommateurs grâce à un QR code que la marque imprime sur l’étiquette du produit. En un simple scan, les consommateurs découvrent la filière, les éleveurs, les usines, et peuvent vérifier que les engagements de la marque sont réellement respectés.

Il existe aujourd’hui sur le marché beaucoup de plateforme de traçabilité par blockchain, et bon nombre de distributeurs et marques ont déjà lancé des cas d’usage sur leurs filières, ce qui prouve que le besoin est réel dans le monde de l’agroalimentaire.

Au-delà du besoin de plus de transparence, nous sommes convaincus que les acteurs des filières ont besoin de 2 autres choses:

  • Une vérification systématique de la qualité des produits tracés. Comme la blockchain n’est pas capable d’effectuer des contrôles qualité, il est nécessaire de choisir une solution qui permette de réellement contrôler que le cahier des charges du produit (matière première, semi fini et fini) est réellement respecté, et pas uniquement de savoir d’où vient le produit.
  • Un partenaire qui connaisse leur métier, pour que la solution soit adaptée à des problématiques réelles, et qu’il ne s’agisse pas d’imposer l’usage d’une nouvelle technologie à des acteurs qui n’ont aucun intérêt à le faire. Chez Connecting Food, l’équipe est composée en grande partie d’experts de l’agro-alimentaire, et certains de nos développeurs ont même une double compétence d’exploitants agricoles !

Pour aller plus loin, découvrez notre Regard d’Expert sur le Clean Label et la transparence !

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