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Protéines d’insectes : nutrition, environnement, consommation, réglementation… On vous dit tout !

Tous les média en parlent, de nombreuses personnes ont essayé mais cette source alternative de protéines ne rentre pas vraiment dans notre quotidien alimentaire. Comment mieux comprendre les enjeux des protéines d’insectes ? Cette denrée du futur ?

Le mois dernier, Innovafeed et Auchan ont lancé la première truite nourrie à l’insecte sur ses étals. C’est une première à la fois dans le domaine de l’alimentation animale mais aussi en termes d’offre de produits pour le consommateur.

L’insecte connaît depuis ces dernières années un engouement très fort à la fois dans le milieu des entreprises mais aussi chez le consommateur qui le décrit souvent comme « la protéine du futur ». Comment décrypter ce nouveau phénomène ? Tout ce qu’on nous dit est-il vrai ? Nutrikéo vous aide à y voir plus clair en levant quelques idées reçues.

Une source de protéines

L’insecte est-il vraiment très riche en protéines ?

Il y a effectivement environ 70% de protéines dans la farine d’insectes mais il faut comparer ce qui est comparable. Lorsqu’il est vivant, l’insecte contient environ 60% d’eau, 20% de protéines, 10% de lipides et le reste en glucides et autres. Tout comme une grande majorité d’êtres vivants finalement.

Pour obtenir de la farine, l’insecte est séché puis pressé pour en retirer l’eau et les matières grasses. C’est comme cela qu’est obtenu ce taux effectivement élevé en protéines. Si l’on retirait toute l’eau contenue dans la viande, les teneurs en protéines seraient équivalentes.

 L’élevage d’insectes, faible consommation d’eau, bon pour l’environnement et non polluant ?

Pas autant qu’on le pense !

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Comme tous les animaux, les insectes consomment à la fois de l’eau et de la nourriture. Pour l’élevage des vers de farine, par exemple, leur alimentation est essentiellement composée de son de blé (co-produit céréalier).

Lorsque nous observons les chiffres sur les besoins en eau nécessaires à produire 1 kg de viande, l’eau utile à produire leur nourriture est quasiment toujours intégrée dans le calcul. Pour le bœuf, par exemple, on trouve très fréquemment la valeur de 15 000 litres d’eau consommés pour produire un 1 kg de viande alors que la communauté scientifique considère plutôt qu’il faut en vérité entre 550 à 700 litres. Pour l’insecte, la prise en compte de l’eau nécessaire à la nourriture n’est quasiment jamais intégrée.

De plus, l’insecte se développe dans un environnement humide et chaud. Une température d’environ 25-30°C est nécessaire pour que leur croissance soit optimale. Or, dans des pays tempérés, comme c’est le cas en Europe, il faut chauffer les zones d’élevage pendant une grande partie de l’année ce qui n’est pas le cas pour d’autres types d’élevage. Le chauffage représente une consommation d’énergie non négligeable.

À quel prix consomme-t-on des insectes ?

Pour la consommation humaine, les prix de ventes affichés en magasin sont prohibitifs. Beaucoup trop élevés pour que le consommateur puisse envisager de réellement intégrer l’insecte à son menu quotidien. À titre d’exemple, des insectes aromatisés pour l’apéritif coûtent entre 400€ et 1000€ le kg.

À l’inverse, dans le secteur de l’alimentation animale, la farine d’insectes est considérée comme la remplaçante de la farine de poisson. Or, cette dernière source de protéines très controversée s’achète sur les marchés internationaux à des prix d’environ 1200$ / tonne (1,2€/kg). Ces niveaux de prix sont inatteignables pour certains types d’insectes. Pour du ténébrion, par exemple, le seul prix d’achat de la nourriture nécessaire à alimenter l’insecte est largement au-delà du prix de vente prévu. Il existe un gros décalage entre coûts de production et prix de vente annoncés par les industriels de la filière.

Il va donc falloir du temps pour que les acteurs de la filière insecte puissent produire à bas coût et ainsi proposer une vraie offre adaptée à la consommation humaine et animale.

A-t-on le droit de commercialiser de l’insecte en France ?

Novel Food ? Agrément sanitaire ? Autorisation de mise en marché ?

Depuis janvier 2018, l’insecte est entré dans la catégorie des « Novel Food ». Une législation européenne encadrant la consommation de denrées alimentaires nouvelles. Il est donc possible pour les industriels de commercialiser des insectes pour la consommation humaine mais sous certaines conditions. Les entreprises doivent obtenir un agrément sanitaire, déposer un dossier auprès des autorités concernées, attendre le verdict pour enfin obtenir une autorisation de mise en marché. Ce processus prend entre 7 et 17 mois et peut coûter particulièrement cher.

Connaissez-vous les fèces d’insectes ?

Les fèces sont les déjections produites par les insectes. Pour 1 kg d’insectes vivants (soit 300g de farine d’insectes), il faut compter environ 3,5 kg de déjections. Que fait-on de ces matières organiques ?

Le marché des engrais chimiques et organiques est déjà bien fourni. Pour valoriser un engrais organique, le prix est lié au taux de NPK (azote-phospore-potassium). Plus il est élevé, plus le prix monte, or celui des fèces de ténébrion est seulement de 2-3-2. L’avantage réside dans le fait que c’est une matière très sèche par rapport à d’autres matières organiques comme le fumier d’animaux. Est-ce suffisant pour faire payer le prix fort ?

Au vu des volumes produits dans la filière insecte, la question de la valorisation de ce co-produit est très importante pour envisager un modèle qui soit rentable.

Conclusion

Le tableau n’est évidemment pas tout noir en ce qui concerne la filière insecte. C’est une formidable opportunité pour fabriquer de la protéine en réduisant les impacts environnementaux. C’est une filière qu’il faut bâtir entièrement et qui peut venir compléter une offre globale en protéine. Il est utopique de penser que les protéines d’insectes remplaceront intégralement les produits carnés mais c’est une nouvelle offre qui a beaucoup de potentiel et qu’il faut réussir à développer tout comme le fait la protéine végétale.

Les challenges sont présents mais ils ne sont pas insurmontables.

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