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🎙️Interview | Aide alimentaire : comment assurer le bien-manger ?

Le contexte d’inflation a un impact direct sur la précarité, et notamment la précarité alimentaire. 2,4 millions de personnes bénéficiaient de l’aide alimentaire fin 2022, soit trois fois plus de personnes qu’il y a dix ans[1]. Derrière l’aide alimentaire, se cache le sujet de la qualité nutritionnelle de l’offre. Aujourd’hui, Guillaume Duchêne, chef de projet à la Croix Rouge Insertion, nous parler de l’enjeu du bien-manger dans leur activité.

Le volet d’aide alimentaire fait partie des actions de la Croix Rouge Insertion

Pouvez-vous nous expliquer quels sont les publics que vous accompagnez sur ces sujets ?

Croix-Rouge insertion est une structure d’insertion par l’activité économique, et nous sommes également un acteur de la logistique d’aide alimentaire à travers quatre de nos chantiers d’insertion.

Nous accompagnons d’abord les personnes très éloignées de l’emploi que nous employons et formons dans nos chantiers d’insertion. Au sujet de l’aide alimentaire, nous accompagnons les structures qui font de la distribution de denrées : des acteurs comme la Banque Alimentaire et d’autres associations ou épiceries sociales.

Nous avons été amenés à préparer des paniers d’aide alimentaire pour le Samu Social en Seine-et-Marne et à les distribuer directement aux bénéficiaires sur leur lieu d’hébergement. Ou encore, à préparer des collations à destination des réfugiés Ukrainiens accueillis par la Croix-Rouge française. Enfin, trois de nos chantiers d’insertion font du maraîchage biologique, et dans ce cadre nous préparons des paniers de fruits et légumes bio solidaires avec le réseau des Jardins de Cocagne.

Depuis la crise du Covid, et avec l’inflation croissante, le sujet de la précarité alimentaire est mis plus que jamais sur le devant de la scène.

Comment cette réalité se traduit-elle dans vos actions ?

Comme toutes les structures de l’aide alimentaire, l’inflation touche sévèrement notre activité tant pour nos activités logistiques que pour l’achat de denrées alimentaires.

L’afflux des bénéficiaires dans les associations d’aide alimentaire se répercute mécaniquement dans notre activité. Toutefois, si l’inflation et le nombre de bénéficiaires augmentent, les budgets des associations restent les mêmes et les moyens alloués par l’Etat également. 

Néanmoins, le gouvernement a annoncé en début d’année la mise en place d’un fonds d’aide alimentaire qui devrait permettre aux associations de répondre à la demande.

Quels sont les principaux enjeux auxquels vous devez faire face dans la mise en place de l’aide alimentaire ?

C’est fortement relié à la question précédente, une hausse du prix des denrées alimentaires et de l’énergie, mais surtout une raréfaction des dons alimentaires venant de la grande distribution qui emploie désormais les denrées dans des rayons “anti-inflation” alors qu’autrefois elles étaient données, voire jetées.

La qualité nutritionnelle de l’alimentation tend à être inversement corrélée aux revenus des populations : l’aide alimentaire a donc un rôle clé à jouer sur ce volet.

Comment pouvez-vous agir sur la qualité nutritionnelle de l’offre distribuée ?

Tout d’abord, grâce à notre activité de négoce de produits locaux en circuits courts en Ile-de-France, nous avons pu faire émerger une source d’approvisionnement supplémentaire auprès des agriculteurs et des maraîchers, nous permettant d’offrir une gamme de produits supplémentaires : des fruits et légumes locaux.

Ensuite dans le cadre d’un projet financé dans le cadre de France Relance, nous avons pu auditer notre offre de paniers d’aide alimentaire par Nutrikeo, ce qui nous a permis dans un premier temps d’ajuster leur contenu mais aussi de sensibiliser en interne sur ces sujets. D’autant que les publics que nous accompagnons au sein de nos établissements sont aussi susceptibles de bénéficier de l’aide alimentaire.

Quel conseil donneriez-vous aux structures qui souhaiteraient adopter ce type de démarche ?

En plus de se faire accompagner par des experts – via des appels à projets ou du mécénat – les structures peuvent s’orienter vers les productions locales. Cette démarche est vertueuse à plusieurs niveaux : 

  • Elle permet de s’approvisionner auprès de producteurs locaux en respectant les saisons et en limitant les émissions de CO2
  • Elle permet de valoriser les acteurs des territoires et de recréer des dynamiques et des circuits de distribution locaux. 
  • Elle permet de changer la nature des denrées que l’on peut retrouver traditionnellement dans l’aide alimentaire vers des produits frais. 

Enfin, la pédagogie sera clef, à la fois auprès des bénéficiaires que des bénévoles ou des salariés des structures impliquées.

En quoi les acteurs de l’agro-alimentaire pourraient-ils vous aider sur le volet de la qualité nutritionnelle de votre offre, s’ils le peuvent ?

Vaste question. 

Aujourd’hui, le “bien manger”, le “manger sain” et le “manger bio” est l’affaire de tous et, devrait pousser les acteurs de l’agroalimentaire à améliorer leurs gammes en ayant en tête que leurs produits peuvent aussi aider des personnes en difficulté et qu’il n’y a pas de raison qu’ils se nourrissent moins bien que le reste de la population.

Un grand merci à Guillaume pour cet échange !

Pour poursuivre vos lectures sur le sujet, la Rédaction vous conseille :

👉Précarité alimentaire en hausse : les causes et comment y faire face ?

👉Quel rôle pour l’université dans l’alimentation des étudiants ?

👉 « Manger mieux » : entre constats et propositions, où en sommes-nous ?

👉Inflation des produits alimentaires : quels risques pour la santé ?

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[1] Banques Alimentaires – Etude Profils 2023 – Qui sont les personnes accueillies à l’aide alimentaire

Crédit photo : #356974975 – adobestock – Redaktion93

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