Popcorn, confiseries, sodas : l’offre de restauration au cinéma représente 15 % du chiffre d’affaires des salles et, dans le même temps, incarne plutôt bien la junk food. Mais mieux manger au cinéma, c’est possible ! Et c’est ce que défend l’association « Mieux manger au ciné » qui récompense et accompagne les alternatives saines et durables aux produits alimentaires vendus dans les salles obscures.
Mais pourquoi le popcorn est-il roi au cinéma ?
Avez-vous remarqué ? Lorsqu’on pense « cinéma », le popcorn est un peu comme l’obscurité : quasiment indissociable d’une bonne projection. Initialement, manger au cinéma était proscrit car vulgaire, mais deux événements ont passablement modifié le scénario. D’abord, l’avènement du cinéma parlant, en 1927, a démocratisé l’accès aux salles. Ensuite, la Grande Dépression post crise de 1929 propulse le très économique popcorn devant les salles de cinéma, les spectateurs s’approvisionnant avant de rentrer dans les édifices.
Le maïs qui fait pop est vite identifié comme un spot à bénéfices pour les exploitants de salle, qui décident de le commercialiser eux-mêmes dès les années 30. En 1945, plus de la moitié du popcorn consommé aux Etats-Unis l’est dans les salles obscures (1).
Comment mieux manger au cinéma ?
Un petit bond dans le temps, et on découvre dans une enquête du Centre National de la Cinématographie (2020) qu’un spectateur français sur deux déclarent acheter du popcorn, des confiseries ou des boissons au cinéma. Soit l’offre de snacks traditionnellement proposée aux abords des salles, pour laquelle la notion de plaisir supplante largement celle du mieux manger au cinéma.
Des aliments à faible valeur nutritionnelle, situés dans la catégorie du trop gras et du trop sucré, associés à la notion de plaisir que représente le fait d’aller au cinéma ?
Manger sain et préserver la planète aussi au cinéma
Ce n’est pas du goût de l’association Mieux manger au ciné, qui s’est fixé pour mission de proposer des alternatives plus saines et plus durables aux cinéphiles.
Leur crédo : « changer l’offre alimentaire dans les cinémas et les culturels en proposant des produits sains, goûteux et respectueux de l’environnement.« Pour cela, l’association a créé un concours ouvert aux artisans, industriels ou startups ayant un produit pouvant être consommé au cinéma ainsi que dans l’ensemble des lieux culturels ayant des points de ventes alimentaires.
Mieux manger au cinéma, et bientôt dans tous les cinémas
Le premier concours organisé en 2022 a distingué des initiatives d’alternatives intéressantes dans 6 catégories, dont la marque de biscuits upcyclés Kignon dont nous avons parlé par ailleurs. Mais aussi les popcorns au vinaigre et algues de Breizh Pop, les onigiris de Nanigiri… Aujourd’hui, 14 salles de cinéma sont pilotes du projet pour mieux manger au cinéma à travers la France.
L’édition 2023, placée sous la présidence de la cheffe Manon Fleury, rassemble un jury pluridisciplinaire – dont la présidente du SIAL Audrey Ashworth – qui couronnera les lauréats de 5 catégories : Salé, Sucré, Boisson, Jeune Pousse et Coup de Coeur et donnera son verdict le 18 avril 2023.
Comment représenter le mieux manger au cinéma ?
Pour conclure, nous vous proposons de faire un petit test : et si vous exploriez les résultats images de la requête « mieux manger au cinéma » ou « manger cinéma » dans n’importe quel moteur de recherche ? Nous l’avons fait : l’association « manger » et « au cinéma » est systématiquement illustrée par des représentations de popcorn, seul dans des gros contenants, ou en train d’être mangé par des adultes et ou des enfants, qui ont toutes et tous le sourire aux lèvres. Les mêmes images avec des confiseries arrivent juste après.
L’image est profondément ancrée dans l’imaginaire populaire et, comme toutes les habitudes, difficile à déloger. La façon de représenter ou d’illustrer les idées, concepts ou les modes de vie n’est pas anodine et participe à la façon dont on les perçoit. Aujourd’hui, il n’y a pratiquement que du popcorn. Et demain ?
(1) C’est Andrew F. Smith qui raconte tout cela dans son ouvrage Popped Culture : a Social History of Popcorn in America, 1999.
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Crédits photos: ©MieuxMangerAuCiné
