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champ de maïs sans OGM

Bio, sans résidus de pesticides, sans OGM… Au pays des claims, démêlons le vrai du faux !

Les packagings des produits alimentaires revêtent désormais des assertions en tout genre : sans gluten, sans OGM, biologique, 100% naturel, sans résidus de pesticides, sans sucres ajoutés, et ainsi de suite. Cela répond à l’envie des consommateurs de se tourner vers des produits plus sains et plus respectueux de leur santé et de l’environnement. Mais comment s’y retrouver parmi toutes ces informations ? Quels claims représentent réellement un gage de qualité, et lesquels relèvent plutôt de la communication marketing ? Démêlons le vrai du faux !

Des consommateurs qui réclament plus de transparence

Une étude OpinionWay pour Alkemics réalisée en avril 2019[1] montre qu’une large majorité de consommateurs français trouvent les informations sur les produits alimentaires utiles. Cependant, ils les trouvent peu complètes à 63%, peu transparentes à 62% ou encore insuffisantes et imprécises.

De plus, les consommateurs semblent manquer de confiance en les informations communiquées sur les emballages. Par exemple, les allégations nutritionnelles laissent un Français sur deux sceptique. Il y a en effet de quoi s’y perdre entre la multitude de claims revendiqués sur les produits alimentaires.

Une multitude de claims regroupés selon deux axes

On peut assez facilement regrouper les claims selon deux axes : nature-science d’une part, et présence-absence de l’autre. En effet, même si l’objectif est toujours de montrer les aspects bénéfiques pour la santé des produits, les marketeurs s’appuient sur des arguments différents.

D’un côté, on joue sur la naturalité, le fait que le produit n’a pas été modifié, qu’il est aussi « brut » que possible. C’est le cas des produits issus de l’agriculture biologique, « 100% naturels », ou sans OGM, par exemple.

De l’autre, on retrouve les produits qui exploitent les données scientifiques liées aux nutriments dont on dispose aujourd’hui. C’est le cas des produits « enrichis en… », « source de… », pour en faire des aliments plus complets d’un point de vue nutritionnel.

Enfin, de manière générale, la présence de composés bénéfiques et/ou l’absence de composés néfastes (que cela soit scientifiquement prouvé ou non) est un élément de communication important. On retrouve par exemple les produits sans gluten ou lactose, sans sucres ajoutés, riches en calcium ou en vitamines. Le consommateur doit donc se baser sur ses connaissances personnelles pour décider si cet argument a du poids ou pas.

Faisons maintenant le point sur les produits qui emploient des claims de naturalité.

Le label Agriculture Biologique en progression

L’Agriculture Biologique est un mode de production, mais pas seulement, qui rejette l’utilisation de produits chimiques de synthèse et des OGM. C’est le type d’agriculture qui limite le plus possible son intervention dans la composition des produits. L’enrichissement en vitamines ou minéraux, par exemple, n’est pas autorisé, sauf lorsqu’il est exigé par la loi.

Ce label a conquis bon nombre de français, et son aspect « meilleur pour la santé » convainc, bien que non avéré de façon strictement scientifique et statistique. En effet, les études ne prouvent pas que les produits bio soient meilleurs nutritionnellement, mais plutôt équivalents à ceux que l’agriculture conventionnelle. Reste encore à analyser les effets à long terme des pesticides sur la santé, sujet qui fait l’objet de beaucoup d’études.

Actuellement, 69% des Français qui consomment bio le font pour préserver leur santé[2]. De plus, c’est un marché qui prend de plus en plus d’importance dans la consommation des Français. En moyenne parmi les consommateurs de bio, 71% en consomment au moins une fois par mois, et 12% tous les jours.

Une étude basée sur plus de 29 000 adultes (cohorte Nutrinet Santé) a donné quelques éléments d’explication quant à l’aspect « meilleur pour la santé » de l’agriculture biologique. En réalité, les consommateurs de bio sont globalement de gros consommateurs de fruits et légumes, et leur régime alimentaire est de meilleure qualité nutritionnelle. Ils mangent moins de produits animaux et de produits sucrés, et leur budget alimentaire est plus élevé. Ce serait donc ce régime alimentaire plus sain dans sa globalité, plutôt que spécifiquement la consommation de produits bio, qui serait donc meilleur pour la santé.

D’un point de vue marketing, l’aspect mis en avant dans la communication autour des produits biologiques, c’est la naturalité, l’aspect « 100% naturel » du produit. Cela vaut pour les produits bruts (fruits et légumes par exemple). Là où il peut y avoir méprise, c’est sur les produits transformés. Ce n’est pas parce qu’un produit est bio, qu’il ne contient pas d’additifs ou de conservateurs ou qu’il est forcément meilleur pour la santé (les biscuits au chocolat bio restent gras et sucrés).

Un petit nouveau au rayon fruits et légumes : le label « Zéro résidu de pesticides »

Ce label est apparu en 2017, à l’initiative d’entreprises souhaitant une autre voie que celles de l’agriculture conventionnelle ou de l’agriculture biologique.

L’interprofession des fruits et légumes s’inquiétait effectivement de la « défiance des consommateurs français vis-à-vis des conditions de production ». Ils avaient fait part de ce ressenti à l’occasion de leur contrat de filière rendu pour les Etats Généraux de l’alimentation, en 2017. Avec ce label « Zéro résidu de pesticides », le collectif Nouveaux Champs s’engage sur les résultats, là où l’agriculture bio s’engage sur les moyens.

label zéro résidu de pesticides
Label « Zéro résidu de pesticides »

Si la mention « zéro résidu de pesticides » impressionne, elle est pourtant trompeuse. Ces fruits et légumes ne sont pas bio, et sont donc exposés à des pesticides, ce qui rend impossible de garantir qu’ils ne contiennent pas de résidus. La mention signifie seulement que les pesticides recherchés lors des analyses n’ont été retrouvés que dans des quantités inférieures aux seuils fixés par le cahier des charges du label. Ces seuils de tolérance de 0.01 mg/kilo sont inférieurs aux seuils réglementaires européens pour l’agriculture conventionnelle. Ces teneurs sont jugées comme « n’ayant pas d’impact sur la santé du consommateur ».

Afin de se tenir à des seuils plus bas que la réglementation, les intrants sont utilisés mais limités. Les producteurs utilisent notamment des moyens de lutte biologiques contre les rongeurs ou les insectes (le « biocontrôle »). Par exemple, ils utilisent des insectes auxiliaires prédateurs des espèces qui attaquent les plantes.

Ce mode de production offre par ailleurs plus de flexibilité que l’agriculture biologique. En effet, si jamais une culture est ravagée et nécessite l’emploi d’intrants en plus grandes quantités pour « sauver » la récolte, alors cette parcelle sera vendue en conventionnel. Dans une situation semblable, un producteur bio perdrait son label pendant 3 ans minimum. Dans le cadre du « Zéro résidu de pesticides », la parcelle serait retirée du label pendant 1 an seulement.

Enfin, le prix final pour les consommateurs est en général intermédiaire entre le conventionnel et le bio. Cela pourrait en faire un bon compromis, à la fois pour les producteurs et les consommateurs.

Les grands méchants OGM

De son nom complet « Organisme génétiquement modifié », les OGM sont dépeints comme l’opposé radical des aliments naturels. Ce sont des organismes animaux ou végétaux dont on a modifié le matériel génétique afin de lui conférer une caractéristique nouvelle[3]. Cette modification du patrimoine génétique suscite de nombreux débats, qui polarisent à la fois les industriels et les consommateurs. D’un côté, ceux qui prônent la naturalité, et de l’autre, ceux qui souhaitent mettre la science au service de la productivité et de la performance en agriculture. Les débats concernent également les effets secondaires négatifs supposés de la consommation de produits OGM. Ceux-ci nécessitent, encore aujourd’hui, une preuve scientifique plus unanime et sans équivoque.

claims sans OGM

En ce qui concerne l’étiquetage, la mention des OGM ou des produits dérivés d’OGM est obligatoire selon la réglementation européenne, sauf en cas de présence accidentelle. Par ailleurs, les produits animaux issus de bétail nourri aux aliments OGM ne sont pas étiquetés comme génétiquement modifiés.

En revanche, l’étiquetage des produits issus de filières sans OGM n’est pas réglementé au niveau européen. En France, un décret de janvier 2012 fixe les règles de cet étiquetage facultatif pour 3 catégories de produits :

  • Les ingrédients d’origine végétale issus de matières premières contenant au maximum 0.1% d’OGM
  • Les ingrédients d’origine animale peuvent porter la mention « nourri sans OGM » (aux seuils < 0.1% ou < 0.9%)
  • Les ingrédients d’origine apicole peuvent être étiquetés « sans OGM dans un rayon de 3 km »

On peut cependant observer que dans le cas des OGM, l’absence est un argument vendeur, mis en avant sur des produits pouvant être cultivés en OGM, comme sur les boîtes de maïs par exemple.

Des décodeurs d’étiquettes à portée de clic

Les consommateurs souhaitant être aidés dans leur lecture des packagings ont aujourd’hui la possibilité de télécharger de nombreuses applications. Selon les applications, elles englobent plus ou moins de critères, pour répondre à des consommateurs plus ou moins exigeants. 17% des Français en utiliseraient pour faire leurs courses. Un chiffre encourageant, qui confirme que les consommateurs sont de plus ne plus nombreux à vouloir faire leurs courses de façon plus réfléchie.

Cet article a été rédigé avec Solène Dhôte, assistante chef de projet – merci à elle !


[1] Etude réalisée sur un échantillon de 1057 personnes, âgées de 18 ans et plus, jugé représentatif de la population française.

[2] Chiffres de l’Agence Bio, février 2019 https://www.agencebio.org/wp-content/uploads/2019/02/AgenceBio-DossierdePresse-Barometre2019.pdf

[3] https://agriculture.gouv.fr/quest-ce-quun-ogm

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