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Nutrition et patients atteints d’un cancer : appel aux acteurs de la santé et de l’alimentation

Il y a encore quelques années, tous les efforts fournis autour d’un patient cancéreux étaient centrés autour du traitement. Bien que ce dernier soit l’élément central, nous assistons de plus en plus à la prise de conscience quant à l’importance de l’activité physique et de l’alimentation du patient.

En effet, le cancer et les traitements associés peuvent considérablement affecter les fonctions biologiques, y compris l’état nutritionnel. La nutrition joue un rôle important, tant sur le développement de la tumeur, les symptômes, les effets secondaires, que sur la réponse et le rétablissement liés aux traitements.

Nutrition et cancer : le challenge 2020 des acteurs de la santé et du food !

Cependant, les solutions et initiatives en matière de nutrition, notamment pour améliorer la qualité de vie du patient, restent encore peu nombreuses, et l’accompagnement alimentaire pendant la maladie reste trop souvent négligé…

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L’explication est simple : l’alimentation n’est pas un traitement à part entière et ne contribue pas « directement » à la guérison. Elle a cependant bien d’autres fonctions et doit être considérée comme un complément au traitement.

Elle permet entre autres une meilleure réaction de la tumeur au traitement, une diminution des effets secondaires, un renforcement de l’immunité réduisant ainsi le risque d’infection, une atténuation de la toxicité du traitement et bien sûr une amélioration du bien-être du patient pour une vie quotidienne la plus confortable possible.

C’est pour cela que la demande est aujourd’hui forte afin d’apporter de multiples solutions répondant à des problématiques encore confuses pour le patient : quoi manger ? comment préparer ses repas ? les recommandations comme « manger plus de légumes » sont-elles vraies ou fausses dans le cadre d’un cancer ? etc…

La dénutrition en ligne de mire

Pour certains types de cancer, la dénutrition est présente au diagnostic chez près de 50 % des patients1. Notamment pour les cancers liés au système digestif, elle est l’un des premiers indicateurs de la maladie1.

Au-delà de l’influence de la dénutrition sur la morbidité associée au traitement ainsi que la mortalité liée au cancer, la dénutrition sévère elle, est associée à un risque d’effets secondaires de grades 3 et 4 ce qui peut aller jusqu’à une interruption du traitement.

La dénutrition chez le patient cancéreux doit donc être une priorité en parallèle du traitement.

En théorie, il est bien évidemment recommandé d’avoir une alimentation saine et équilibrée, mais dans le cas d’un cancer avancé, il est parfois préférable de maintenir des habitudes alimentaires antérieures à la maladie. Une raison simple à cela : garder un maximum de chance de continuer d’apporter une source d’énergie suffisante au corps pour mieux lutter. Changer ses habitudes alimentaires demande une énergie importante, des contraintes parfois pénibles qui ne doivent en aucun cas devenir un frein au patient atteint d’un cancer avancé.

Le maintien d’un « bon état nutritionnel » est avant tout lié à un apport en protéines et en calories suffisant, et le fait que ces calories et protéines proviennent à ce stade d’une alimentation moins saine, est finalement d’importance secondaire.

Une recommandation donc surprenante mais belle et bien soutenue par la recherche concernant l’alimentation pendant le traitement : le plaisir avant tout et la consommation d’aliments qui « font envie » et qui apportent de l’énergie. By the way… le mythe du jeûne pendant un traitement est bien évidemment à bannir…

Plaisir et envie : tour d’horizons d’initiatives « nutrition & cancer » réussies  

Industriels, start-ups, restaurateurs… et si vous apportiez votre graine pour redonner plaisir et envie aux patients ?

  • L’apéro comme tout le monde !

La Mamma Beer propose de lutter contre les effets secondaires de la chimiothérapie avec une bière enrichie en vitamines et minéraux, dont le potassium et la vitamine B. Elle permet de pallier l’altération du goût des aliments lors du traitement. Une excellente initiative tout droit venue de l’Est de l’Europe.

  • Difficile de se faire un resto… ça c’était avant !

C’est à Bangkok que l’école et restaurant Blue Elephant Cooking a créé des menus spéciaux pour les femmes atteintes de cancer du sein. La Chef Noororor Somany Steppe, également ambassadrice du Queen Sirikit Center For Breast Cancer Foundation, montre son soutien avec un menu élaboré et adapté aux cancers du sein avec des aliments destinés à renforcer le système immunitaire et de nombreuses associations d’herbes pour plus de saveur. Un grand nombre de produits et d’ingrédients biologiques sont également utilisés dans les préparations comme le quinoa, le karonda et le riceberry. Ce dernier est tout particulièrement riche en antioxydants, fibres et minéraux.

Et si on pensait fast-good ? A défaut de proposer un burger enrichi, Big Ferdinand, « l’Atelier du Hamburgé » parisien, a au moins eu l’audace de lancer une campagne de soutien avec le chef Christophe Michalak pour Gustave Roussy, le 1er centre européen de recherche contre le cancer. L’objectif ? Récolter des fonds pour la recherche en proposant pendant une semaine, du 12 au 16 décembre, « Le Gustave », une recette spécialement créée pour l’occasion. 100 % des ventes seront reversées directement au centre Gustave Roussy.

  • Mieux manger à l’hôpital n’est plus une mission impossible !

Pour les patients hospitalisés, le service des repas se doit d’être gourmand pour améliorer leur qualité de vie. Certains établissements l’ont bien compris comme l’hôpital Saint-Louis où tous les midis, les jeunes patients atteints du cancer reçoivent un repas conçu par un chef cuisinier pour leur redonner l’appétit.

Canard laqué mariné accompagné d’une purée de patates douces, c’est un des « repas toqués » servis à l’hôpital.

« Jusqu’à maintenant, je ne mangeais que les plats surgelés que m’apportait ma mère », raconte le jeune Mathieu de 17 ans en regardant avec appétit l’assiette joliment présentée avec le canard laqué. « À l’hôpital, les patients connaissent souvent une perte de sensorialité […] Ce genre d’initiatives permet de casser la monotonie et de redonner le goût du plaisir alimentaire», explique le Pr Nicolas Boissel, chef du service hématologie à l’hôpital Saint-Louis.

Nous pouvons également saluer Alexandre Bourdas, le chef étoilé du SaQuaNa, à  Honfleur, qui a travaillé depuis plus de deux ans sur l’élaboration de recettes de cuisines à destination des malades. En 2017, en équipe avec Elior, le chef proposait déjà la création de 57 recettes au profit du centre de cancérologie Gustave Roussy et a permis de servir, deux fois par semaine, une assiette digne d’un grand restaurant auprès des patients du centre.

L’accompagnement pensé par les patients

Proposer des solutions pour mieux manger, pensées par les patients, tel est l’ambition de Philippe Pouillart, docteur en immunopharmacologie et enseignant chercheur en pratiques culinaires et santé à l’Institut polytechnique LaSalle Beauvais.

C’est ainsi qu’il a créé « Vite fait, bienfaits », un site web et une application mobile pour venir en aide à ceux qui ont besoin de gérer leur quotidien alimentaire à domicile, par des recettes adaptées et gourmandes.

Un concept basé sur le programme NEODIA, programme de « recherche translationnelle » lancé en 2010 par les chercheurs de l’Institut polytechnique UniLaSalle. L’objectif ? Travailler main dans la main avec 200 patients du Centre hospitalier de Beauvais pour mieux comprendre la déviation du goût et leurs nouvelles préférences gustatives. Depuis 2012, les chercheurs travaillent avec un « club » de 10 personnes lors d’ateliers culinaires éducatifs dans l’objectif de valider le bien-fondé d’une centaine de recettes. Aujourd’hui, ces ateliers culinaires sont complètement intégrés au parcours de soins des patients dans plusieurs hôpitaux, cliniques ou pôles de prévention.

Morale de cette histoire, penser de nouvelles initiatives pour améliorer le quotidien des patients…c’est bien, mais les penser avec eux, c’est mieux.

Pour conclure, nous ne sommes qu’aux prémices des solutions holistiques et plaisir pour les patients atteints de cancer. Les acteurs de la santé, de l’agroalimentaire ou même de la restauration collective ou commerciale sont de réelles opportunités pour le « mieux vivre » des patients. Un bel exemple avec Fortimel Sensation de Nutricia qui innove avec un CNO hyperénergétique et hyperprotéiné dans l’objectif de lutter contre la dénutrition du patient cancéreux ou encore avec Vik, le chatbot pour les maladies chroniques et le cancer du sein lancé par la start-up montpelliéraine Wefight.

[1] Émilie Thériault, Nutritionniste, La nutrition en oncologie, Octobre 2012

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