Il y a quelques jours, La Rédaction a eu le plaisir d’échanger avec Fayçal Ounnas, Fondateur et CEO d’ENTOINNOV. L’occasion de faire le point, ensemble, sur le marché des insectes.
Bonjour Fayçal. Peux-tu te présenter en quelques mots ? Et nous présenter Entoinnov ?
Bonjour Agathe, je suis le fondateur de la start-up ENTOINNOV première société de biotechnologie spécialisée dans l’élevage d’insectes. Nous développons un savoir-faire unique qui permet de fonctionnaliser les insectes pour des applications spécifiques. On peut adresser des marchés de spécialité comme le sportif ou les personnes âgées etc…
Quels sont les ingrédients développés avec ton équipe et à quels marchés se destinent-ils ?
Nous avons différentes farines (Tenebrio Molitor) qui vont contenir des compositions nutritionnelles spécifiques. Elles vont pouvoir apporter des teneurs hautement importantes en minéraux ou encore en vitamines. Nous pouvons ainsi atteindre des teneurs dans des produits finis pour prétendre à des allégations nutritionnelles ou de santé.
Tu parles de « technologie blanche » : qu’est-ce que cela signifie pour le marché des insectes ?
L’intérêt majeur de l’élevage d’insectes est leur capacité à bioconvertir des déchets agricoles en protéines hautement digestes, et avec un profil en acides aminés équilibré. Notre technologie brevetée nous permet de concentrer certains nutriments ciblés (vitamines ou minéraux) dans l’insecte à partir de déchets agroalimentaires. La cerise sur le gâteau, les déjections des insectes (FRASS) sont destinées pour nourrir les plantes grâce à leur teneur en azote et en matière organique. Nous avons ZERO déchets à la fin de notre process d’élevage.
Ce process à IMPACT donne un sens particulier à notre mission au quotidien, nous sommes convaincus que nous sommes en train de changer (à notre échelle) la manière de produire des aliments sains et durables.
Si le marché du feed et du petfood est prêt à intégrer les insectes, qu’en est-il de l’alimentation humaine ? À quel horizon vois-tu des insectes dans notre alimentation (ou supplémentation) ?
Actuellement, les insectes sont présentés comme des aliments que l’on peut retrouver dans les rayons du snack….. du récréatif sans mettre en avant leur intérêt nutritionnel. Le marché des insectes va connaître la même trajectoire que les protéines végétales : avec une période de découverte et d’adoption de produits finis comme des steaks, des pâtes, ou encore des produits à tartiner… Les protéines végétales ont mis plus de 10 ans avant de se démocratiser.
Ce chemin va être long mais le défi climatique n’est plus une idée illusoire mais bien une réalité. Nous sommes obligés de trouver des solutions alternatives pour nourrir les 10 milliards d’êtres humains sur Terre d’ici 2050.
La France et l’Europe sont une chose. Est-ce que d’autres régions du monde sont plus « prêtes » que nous pour le marché des insectes ? Si oui pourquoi ?
Il existe actuellement plus de 2 000 espèces d’insectes comestibles sur Terre et 1/3 de la population mondiale consomment déjà des insectes. L’entomophagie en Asie ou en Amérique latine est importante pour rassurer sur l’innocuité et l’intérêt de consommer des insectes. Il s’agit d’une preuve rassurante que cuisiner, préparer, ou encore savourer des insectes est possible.
Peux-tu nous faire un point réglementaire ? Où en sommes-nous ?
Actuellement, nous avons 3 espèces autorisées sur le territoire européen. À notre avis, cette ouverture réglementaire se poursuivra jusqu’à une ouverture totale du marché hors dossier Novel Food. Le marché nord Américain est également en train de s’ouvrir, offrant des opportunités d’expansion intéressantes.
Un grand merci à Fayçal Ounnas pour cet échange !
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