En France, le gaspillage alimentaire représente 10 millions de tonnes de déchets par an pour une valeur commerciale de 16 milliards d’euros1. Un gaspillage de ressources naturelles et l’émission de gaz à effet de serre qui pourraient être évités. Nous parlons depuis plusieurs années de recyclage. Mais mieux : l’upcycling ou « upcyclage » commence à faire sa place. Réutiliser des déchets afin d’en faire des produits de qualité, tel est le défi de l’upcycling.
Mieux que le recyclage, l’upcyclage !
« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ! » L’upcycling, connu en français sous le terme de surcyclage ou upcyclage signifie littéralement « recycler vers le haut ».
Le principe est simple : transformer un matériau en un objet de valeur, dont la qualité est supérieure au matériau d’origine.
Upcycling vs recycling : quelle différence ?
Upcycler c’est recycler mais recycler ne signifie pas forcement upcycler. En effet, là où le recyclage permet l’obtention d’un produit de qualité inférieure ou égale au produit d’origine, l’upcycling apporte une valeur ajoutée au produit obtenu. L’upcycling est donc en théorie infinie car la qualité du produit n’est pas dégradée. A l’inverse, le recyclage s’arrête lorsque les matériaux ne peuvent plus être recyclés.
Une autre différence vient du process du recyclage. Celui-ci comprend en général une étape de restructuration chimique des matériaux alors que l’upcycling utilise les produits bruts, économisant ainsi l’énergie de transformation. Le recyclage rallonge donc la durée de vie du produit alors que l’upcyclage lui redonne une nouvelle vie. Quoi qu’il en soit, recyclage et upcyclage ont en commun leur préservation de l’environnement.
L’upcycling pour une économie circulaire
L’upcycling est une forte tendance de l’économie circulaire et s’inscrit plus globalement dans le processus de développement durable. Ce processus peut être réalisé à différents niveaux : entreprises, associations, particuliers, etc. L’intérêt premier est bien évidemment la préservation de l’environnement avec une réduction des déchets ainsi qu’une économie d’énergie et de matière première. Ce processus permet également une économie financière du fait des économies d’énergie et de matériaux. Encore très peu développé à l’échelle industrielle, l’upcycling répond pourtant à une forte demande des consommateurs en termes de développement durable.
Ce marché a en effet un fort potentiel. En effet, 39% des consommateurs souhaitent actuellement acheter des aliments et des boissons contenant des ingrédients « upcycled » et 57% d’entre eux prévoient d’en acheter davantage l’année prochaine2.
Upcycled food association, “Growing the upcycled food economy”
Cette association pour l’upcycling a été lancée en octobre 2019. L’UFA (Upcycled Food Association) travaille avec les gouvernements, les universités, les industries et les ONG afin de formaliser le concept d’« upcycled food ». Un autre des objectifs serait de développer un logo qui pourrait être apposé sur les packs. Il permettrait ainsi d’indiquer aux consommateurs quels sont les produits utilisant des ingrédients « upcycled » afin de les aider à faire des choix plus durables. Le nombre de membres augmente depuis la création de l’association et atteint aujourd’hui le nombre de 35.
Quelques exemples de produits issus de l’upcycling
Si l’upcycling n’en est qu’à ses débuts, les acteurs sont très prometteurs ! Voici notre sélection :
Résurrection
Produits fabriqués : Crackers salés
Produits sauvés : Drèches de bière ou cidre
L’entreprise française Résurrection travaille avec des brasseurs locaux afin de produire à partir de drèches de brasserie des crackers.
Un concept qui naît d’une prise de conscience : la production de 1000 litres de bière génère 300 kg de drèches, directement jetés à la poubelle. Ces drèches, sont les résidus du brassage des céréales, généralement utilisés pour l’alimentation animale. Ceux-ci sont cependant encore riches en nutriments : protéines, vitamines, minéraux, fibres. Les fondatrices de Résurrection ont alors trouvé un moyen d’utiliser ces co-produits afin d’en faire des biscuits apéritifs de qualité. A la recherche constante de concepts innovants, l’entreprise étoffe régulièrement sa gamme. Celle-ci s’est d’ailleurs récemment agrandie en accueillant des crackers issus des co-produits de pommes provenant de la fabrication du cidre. Et l’aventure ne s’arrête pas là, avec une levée de fonds de 800 000 euros bouclée en janvier. Parmi les conquis : le groupe Le Duff (Brioche Dorée)
Regrained
Produits fabriqués : barres céréalières
Produits sauvés : drèches de bière
Selon le même principe, l’entreprise Regrained basée à San Francisco récupère les drèches de bière pour fabriquer des barres de céréales.
Rubies in the Rubble
Produits fabriqués : condiments
Produits sauvés : surplus de fruits et légumes
Rubies in the Rubble est une entreprise crée en 2011 qui a pour vocation la production de condiments à partir de fruits et de légumes destinés aux ordures du faits de leurs imperfections ou des déséquilibres de la chaîne alimentaire. On aime particulièrement les packs très « pop » de cette marque.
Render
Produits fabriqués : boissons nutritionnelles
Produits sauvés : cornichon
Des boissons aux légumes réalisées avec de la saumure de cornichons recyclés. Le plus ? Elles sont développées en partenariat avec un chef, Nicolaus Balla.
Des initiatives innovantes et vertueuses que l’on ne peut que féliciter ! Vous souhaitez savoir en quoi la RSE est vectrice d’innovation ? Consultez notre regard d’expert à ce sujet !
Sources:
- Ministère de la transition écologique et solidaire_ Gaspillage alimentaire, janvier 2020.
- Fooddive, “Upcycling: A Big Food problem with a startup solution?”, Juin 2019.
Un article rédigé avec l’aide de Audrey Cousin, assistante Chef de projet. Merci à elle !