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rhubarbe officinale

Ingrédient du mois – La rhubarbe, présumée innocente

Derrière le terme rhubarbe, communément employé, se cache en vérité une trentaine d’espèces de plantes herbacées vivaces appartenant toutes à la famille des Polygonacées. Originaire de l’Asie du Sud-Ouest, cette plante est reconnue pour ses propriétés digestives.

Dans le secteur des compléments alimentaires, en plein essor, la rhubarbe occupe une place importante dans les produits positionnés sur la sphère digestive. Mais l’Académie de Pharmacie a récemment dénoncé ses effets laxatifs. Qu’en est-il ?

La racine de barbare

Histoire de la rhubarbe

Provenant du bas latin rheubarbarum ou rhabarbarum, la douce traduction littéraire du mot rhubarbe est bel et bien « racine de barbare ». Historiquement, c’est dans l’Antiquité que la notoriété de certaines espèces se fait sentir. La Rheum officinale est d’abord utilisée en Chine en 2 700 avant notre ère, comme plante médicinale pour ses propriétés digestives. Puis en Grèce antique, utilisée par Dioscoride, médecin, pharmacologue et botaniste, estimé pour son œuvre : un ouvrage réputé pour les connaissances majeures qu’il apporte en matière de remèdes de nature végétale.

Comment la reconnaître ?

La rhubarbe est une plante vigoureuse et vivace. Esthétiquement on la reconnaît par ses grandes feuilles pétiolées, par des nervures saillantes, rougeâtres. Attention, ces feuilles gaufrées, grossièrement triangulaires sont toxiques en raison de la présence d’acide oxalique et de cristaux d’oxalate. En revanche, nous consommons les pétioles, la partie charnue qui relie la feuille à la tige. Arrondi, canaliculé, de couleur vert rougeâtre, le pétiole peut atteindre jusqu’à 50 cm de longueur et 7 cm de largeur.

La rhubarbe en complément

On utilise la racine de l’espèce appelée rhubarbe de Chine (Rheum officinale), à distinguer de la rhubarbe alimentaire aux queues vert-rouge.

Les propriétés

Les racines de rhubarbe, riches en fibres, ont un effet laxatif et agissent sur le fonctionnement du transit intestinal. Elles favorisent l’activation des muscles intestinaux pour un meilleur confort intestinal et un transit plus régulier. La rhubarbe dispose d’allégations de santé pour le transit, figurant sur la liste des plantes en attente, du type « Contributes to intestinal transit and intestinal function /helps to have a good intestinal functioning /intestinal well-being ». Selon son utilisation traditionnelle, cette plante détiendrait également des vertus antioxydantes. Enfin, l’émodine présente dans les racines serait reconnue pour son action anti-inflammatoire, dans le cas d’affections bucco-dentaires par exemple (aphtes, gingivites, …).

La composition

Les bienfaits principaux de la rhubarbe sont issus des composants extraits de leurs rhizomes, et racines :

  • Des hétérosides d’anthraquinone (60 à 80 %)
  • Des hétérosides dianthroniques (10 à 25 %)
  • Des tanins galliques (5 à 10 %)
  • Des flavonoïdes
  • Des stilbènes
  • Des acides organiques tels que l’acide oxalique
  • Et bien sûr des fibres solubles et insolubles

On remarque une faible présence de vitamine C (9,7 mg / 100 g seulement).

Les plantes laxatives stimulantes ont-elles toujours leur place en compléments alimentaires ?

Depuis peu, l’utilisation de la rhubarbe en phytothérapie suscite le débat. Le signal d’alerte est porté sur les hétérosides hydroxyanthracéniques présents dans les plantes laxatives dites « stimulantes ». Leur consommation implique une modification des échanges hydroélectrolytiques intestinaux, une hydratation des selles et une accélération du transit. Mais dans le cadre d’une consommation prolongée, ils provoqueraient une accoutumance du système digestif. La rhubarbe n’est pas la seule pointée du doigt : la bourdaine, le cascara, le suc d’aloé et le séné le sont aussi. L’Académie de pharmacie demande à ce que ces plantes soient rayées de la liste répertoriant celles autorisées dans les compléments alimentaires, liste qui a été établie le 24 juin 2014. Pour le moment, il s’agit d’une alerte de l’Académie de pharmacie mais aucune décision n’a été prise.

Quels sont les produits du marché contenant de la rhubarbe ?

De nombreux compléments alimentaires positionnés sur le transit sont formulés avec de la rhubarbe. Cet actif était jusque là sélectionné pour son efficacité, pour la dimension naturelle qu’il véhicule ainsi que pour le story telling que l’on peut y associer. Voici quelques exemples :

  • Transiphyt d’Herbesan : rhubarbe, rose pâle, coriandre, basilic, artichaut, guimauve, Bifidobacterium bifidum, Lactobacillus acidophilus et levure de bière.
Transiphyt à base de 6 plantes, ferments lactiques et levure de bière.
  • Transit Nature de Fleurance Nature à base de figue, rhubarbe, tamarin et datte. Ce complément alimentaire se présente sous forme de cubes à mâcher.
  • Arkodigest d’Arkopharma à base de rhubarbe, mauve, pruneau et son de blé.
  • Mais aussi Pediakid Transit Doux, formulé avec de l’artichaut, de la figue, du tamarin, de la rhubarbe et des prébiotiques.
Pediakid Transit Doux

Utilisée depuis des millénaires, la rhubarbe fait partie des actifs phares de la phytothérapie digestive. Il sera intéressant de scruter les innovations à venir sur ce segment pour constater si elle conserve cette place de choix, ou non. Car, même si aucune décision n’a été prise à ce stade, formuler un complément alimentaire avec un actif se trouvant sur la sellette est nécessairement une prise de risque.

Cet article a été rédigé avec l’aide de Camille Eridia, assistante relations presse, merci à elle !

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