🎙 Interview : L’école comestible, l’éducation alimentaire gratuite dans les écoles.

Changer le monde par notre manière de nous alimenter, c’est possible ? Les membres de L’école comestible en sont convaincus. Enseigner aux enfants à manger mieux pour leur santé et celle de la planète, c’est la mission que l’association s’est donnée. Laissons Mathilde nous en dire un peu plus.

Bonjour Mathilde, peux-tu te présenter en quelques mots ?

Tout juste diplômée d’AgroParisTech en tant qu’ingénieure spécialisée en Nutrition Santé je suis actuellement Chargée de missions au sein de L’école comestible. Mes études m’ont permis de découvrir les différentes facettes du secteur alimentaire. J’ai eu la chance d’avoir à la fois des expériences dans le milieu de la production agricole, de la recherche en nutrition mais aussi de l’agro-alimentaire. L’école comestible a fait naître en moi une vocation pour l’éducation à l’alimentation.

Peux-tu expliquer à nos lecteurs ce qu’est L’école comestible ?

L’école comestible est une association loi 1901 à but non lucratif fondée par Camille Labro en 2019. Elle a pour but d’éduquer les plus jeunes à l’alimentation et au goût, de la terre à l’assiette. À L’école comestible nous sommes convaincus que notre alimentation est un véritable levier d’action et qu’il est nécessaire d’en prendre conscience dès l’enfance.

Les actions de l’association se fondent sur 3 grands piliers :

• Des programmes d’ateliers culinaires sur le temps scolaire ;
• Des potagers pédagogiques dans les cours d’écoles ;
• Une action de plaidoyer pour améliorer l’offre des cantines scolaires.

Nous œuvrons aujourd’hui dans une vingtaine d’écoles d’Ile-de-France et dans quelques écoles de la région d’Aix-Marseille et avons pour objectif d’essaimer sur tout le territoire.

Qu’est-ce qui a motivé la création d’une telle structure ?

Comme je le disais, nous sommes convaincus que l’éducation alimentaire est primordiale. Elle est essentielle pour nous aider à tendre vers une société plus équitable et durable, à une agriculture plus saine et nourricière, et à une biodiversité préservée.

Et pourtant, à l’école, quasiment aucun apprentissage du goût, de la cuisine ou de l’histoire de l’alimentation n’est prévu au programme. La plupart des écoliers n’ont donc aucune idée de comment poussent les légumes ou de comment sont élevés les animaux… Et ne parlons même pas de comment sont transformés les matières premières pour en faire des aliments. La majorité n’a pas ou peu d’accès à la diversité alimentaire, aux goûts naturels, ni aux produits bruts et frais. Ils mangent bien trop souvent des produits ultra-transformés aussi coûteux pour leur santé que pour l’environnement. C’est ce triste constat et notre volonté de faire bouger les lignes qui a motivé la création de l’école comestible.

CTA :

En quoi consistent les ateliers que vous mettez en place dans les écoles primaires ?

Ce sont des ateliers de découverte sensorielle et gustative. Nous travaillons autour de l’élaboration de recettes illustrant une cuisine végétale, de saison qui met en valeur des produits bruts. Chaque classe suit un parcours de 4 à 6 ateliers sur des thématiques transversales autour de l’alimentation comme les goûts et sens, l’antigaspi, les graines, la junk-food, les goûts d’ici et d’ailleurs…

Comment parvenez-vous à aborder des sujets si divers au cours des ateliers ? Quels sont les profils qui composent l’équipe de l’école comestible ?

L’école comestible est composée d’un collectif de bénévoles avec des expertises diverses autour de l’alimentation : cuisiniers, enseignants, parents, agriculteurs, jardiniers, semenciers, nutritionnistes, chercheurs, gastronomes, etc. Chacun participe à l’encadrement et l’animation des ateliers mais aussi au développement de contenus pédagogiques pour enrichir les sujets abordés durant les ateliers.

Qui peut faire appel à votre association et quelle est la marche à suivre pour bénéficier de ces ateliers ?

Nous sommes très sollicités et contactés par des écoles de toute la France. Nous ne pouvons pas, à l’heure actuelle, répondre à toutes ces demandes. Cependant nous avons pour objectif de faire entrer l’éducation à l’alimentation gratuitement dans les écoles. Nous travaillons actuellement au développement d’une formation pour accompagner au mieux les enseignants, parents d’élèves et futurs porteurs de projet à démarrer un programme comestible dans leur localité. Si vous êtes intéressé.e pour démarrer un tel projet, n’hésitez pas à remplir notre formulaire !

L’école comestible rencontre-t-elle aujourd’hui des freins dans ses activités et/ou son développement ?

Le principal frein à nos activités est bien la recherche de financement. En effet, la volonté de l’association est de rester indépendante des financements de l’agro-industrie. La mise en place de programmes d’ateliers dans les écoles nécessite un travail important de recherche de fonds publics ou privés. En effet, l’organisation des ateliers est gratuite pour les écoles, elles ne paient que les denrées des ateliers à hauteur d’un euro par enfant.

Dans un monde idéal, comment devrait se dérouler l’éducation alimentaire des plus jeunes ?

L’éducation alimentaire des plus jeunes devrait faire partie intégrante de leur scolarité. Je ne pense pas qu’il faille militer pour ajouter une matière « alimentation » dans les programmes scolaires. Selon moi, il faudrait plutôt développer des outils que les enseignant.e.s puissent utiliser pour aborder les nombreuses thématiques de l’alimentation tout en suivant le programme des matières classiques. Par exemple, en faisant une recette de cuisine on fait des maths, du français, de l’histoire, des sciences et on peut même étudier les langues étrangères !

Une actualité à nous partager pour terminer ?

Les ateliers vont redémarrer à la rentrée en septembre, n’hésitez pas à devenir bénévole pour participer et encadrer les enfants durant nos ateliers !

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