On parle de transition alimentaire, nutritionnelle et nutraceutique. De nombreux acteurs du secteur sont en ordre de marche pour y contribuer. Mais… et si un autre axe de réforme était la formation ? Réformer les formations pour impacter toute la filière nutritionnelle. On touche au culinaire à l’agricole, la diététique, la nutraceutique… Regard sur les initiatives déjà amorcées.
Les Tabliers engagés pour la formation culinaire
Le programme « Les Tabliers engagés » est coordonnée par la Chaire ANCA et porté par le FFAS. Son rôle ? Fournir un socle de connaissances et de l’inspiration aux futurs professionnels des métiers de bouche. Le tout pour tendre vers une alimentation plus durable. Le programme a été co-construit avec l’école Ferrandi-Paris. Le format est particulièrement agile et dans l’ère du temps : il s’agit de 6 vidéos et d’un kit pédagogique (disponible sur le site).
Le message de fond : lever les idées reçues sur l’alimentation durable et se projeter dans une mise en situation en découvrant des témoignages de professionnels. Les objectifs concrets :
- Mieux choisir ses matières premières
- Végétaliser son offre
- Lutter contre le gaspillage
Une initiative pleine d’enthousiasme et de concret !
Une autre agriculture avec le campus Hectar de Xavier Niel
Donner envie de devenir agriculteur. Rendre le métier plus rentable, plus facile à vivre, plus moderne, plus sexy, mieux valorisé… Ainsi, dans cette quête et pour opérer une transformation du métier, la Tech est de toute évidence l’un des leviers. C’est le pari de Xavier Niel et Audrey Bourolleau en finançant le campus Hectar. Logée en pleine campagne à 1h30 de Paris, cette école va former des entrepreneurs agricoles d’un genre nouveau, au service d’une noble cause. Assurer la souveraineté alimentaire de la France. Rien que ça ! Alors, en re-créant des vocations pour le monde agricole, on veut maintenir notre capacité de production sur le sol français, mais aussi tout un patrimoine. Selon l’Insee, la moitié des agriculteurs français ont plus de 50 ans… et laisseront donc 160 000 exploitations d’ici une dizaine d’années. Le campus a accueilli sa 1e promotion en septembre, avec une 30aine d’élèves. Ce n’est donc que le début.
Au tour des formations diététiques, nutraceutiques, médicales… de se réformer ?
La diététique
La formation diététique en 3 ans. Mais aussi des diététiciens-nutritionnistes plus autonomes pour certaines prescriptions. Ainsi, nous accorderions à ce métier, pourtant central, sa juste place dans la prévention et la prise en charge des maladies de civilisation. (Le seul métier du secteur médical et paramédical entièrement consacré à la diététique et à la nutrition, soit dit en passant.)
La nutraceutique
Une formation unique et reconnue de paramédicaux de la nutraceutique et de la micronutrition. Pourquoi ? Pour accorder à l’automédication toute la place qu’elle mérite, encore une fois dans la prévention et la prise en charge.
La médecine
Enfin, la formation des médecins à la nutrition. Rappelons qu’en 2017, 1 décès sur 5 était lié à une mauvaise alimentation (The Lancet). Alors il n’y a probablement pas grand chose à ajouter pour prendre le sujet à bras le corps. Pour comprendre l’enjeu de mieux former les médecins à la nutrition, nous conclurons avec cet extrait du ‘Plaidoyer pour l’enseignement de la nutrition clinique aux futurs médecins’ :
Les connaissances des médecins en matière d’alimentation et de
Jean-Paul Thissen, Anne Boucquiau, Nicolas Paquot, Jean-Charles Preiser. Revue Médicale de Liège, Louvain Médical et la Revue Médicale de Bruxelles. Plaidoyer pour l’enseignement de la nutrition clinique aux futurs médecins. Revu en avril 2021.
nutrition sont souvent en-deçà des attentes des patients et en
décalage par rapport aux recommandations officielles. Pourtant,
la mauvaise alimentation constitue la première cause de mortalité
à l’échelle planétaire. Les attentes des patients sont importantes
en matière de nutrition et le médecin y est mal préparé en raison
d’une formation insuffisante. De plus, la nutrition est parfois
perçue comme une matière peu scientifique, et la reconnaissance
des compétences en nutrition est insuffisante, ouvrant le champ
à des dérives pseudo-scientifiques. Nous plaidons pour une
meilleure formation en nutrition dans le cursus des études
médicales, notamment en intégrant les aspects nutritionnels
de manière transversale au cours de la formation des futurs
médecins, et pour la reconnaissance des cursus de formation
post-universitaires validés par les autorités académiques. Une
clarification des rôles et une reconnaissance des compétences
sont urgentes afin de professionnaliser les conseils nutritionnels.
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© insta_photos – stock.adobe.com. Les Tabliers engagés. Hectar.