C’est un peu le roman feuilleton du moment dans l’univers alimentaire. Yuka a été condamné lundi 13 septembre face à l’entreprise de charcuteries ABC Industrie. L’objet du délit : les mentions dénigrantes en lien avec la présence de nitrites.
Des mentions qualifiées de dénigrantes vis-à-vis des nitrites
C’est le point de divergence entre Yuka et les entreprises de la charcuterie, représentées par la FICT. Ce procès appelle cependant une question plus profonde qui va au-delà des faits. Les charcuteries ont été classées comme ‘certainement cancérogènes’ par l’OMS, notamment en raison de leur teneur en nitrites. Alors, on arrête d’en consommer ? Peut-être pas tout de suite…
La notation effectuée par Yuka quant aux additifs est-elle adaptée ?
Il y a quelques temps déjà, nous pointions du doigt cette question dans la mesure où la seule présence d’un additif n’est pas une justification pour classer un produit comme mauvais ou médiocre. Tout dépend de la quantité employée dans le produit vs les doses journalières. Or, à notre connaissance, ce paramètre n’est pas pris en compte par Yuka. Ce qui pénalise assez fortement tout un tas de produits qui, pourtant, respectent les normes imposées par les autorités. Ne pas prendre en compte ces normes, c’est remettre en question les études scientifiques menées sur le sujet, et donc tout un système.
Retirer les nitrites et autres additifs : ce serait l’idéal.
Mais par où commencer ? Reprenons le problème dans le bon sens : si les entreprises de la charcuterie utilisent des nitrites, eh bien ce n’est pas pour rien. Ni pour empoisonner les Français ou qui que ce soit d’ailleurs… Alors d’accord, l’utilisation de nitrites est peut-être une habitude obsolète, les conditions sanitaires de production s’étant améliorées. Mais à une époque où les entreprises agroalimentaires se sont développées pour nourrir une population croissante, nous avons tous profité des process mis en place pour assainir les conditions de production et de distribution. Les nitrites faisaient sans doute partie de ce process d’évolution. Reprocher aujourd’hui aux entreprises alimentaires ce qui hier était un progrès, c’est dur.
Yuka vs les charcuteries : un conflit socio-nutritionnel
Le procès qui oppose Yuka et la FICT illustre très concrètement le conflit socio-nutritionnel dans lequel nous nous trouvons : entre tradition et santé, que choisir ? D’ailleurs, devons-nous choisir ? C’est le paradoxe français version 2021 : on veut de la tradition ET de la santé. Et oui, parfois, les deux sont moyennement compatibles. La solution se trouve, comme bien souvent, au milieu du chemin, avec une consommation raisonnée de charcuterie et un accompagnement technologique de ces entreprises locales, familiales, françaises. Elles ne demandent qu’à nous nourrir et à régaler nos papilles ! Beaucoup d’entre elles sont des PME, voire des TPE, qui n’ont pas forcément les moyens d’investir en R&D ou en qualité. Si nous voulons un changement, commençons par les accompagner vers une production plus vertueuse plutôt que de les discriminer.
Une dernière chose avant de conclure : est-il vraiment judicieux de parler de lobby, comme cela a été évoqué dans divers médias ? La FICT est un syndicat qui défend ses intérêts et ceux des entreprises qu’il représente. De là à dire que son objectif est de ne rien changer, il y a monde. Nous avions relevé des initiatives plus qu’encourageantes dans cet article de juillet 2019. Nous vous invitons à les consulter pour retrouver le sourire !
Vous l’aurez compris, nous sommes assez orientés face à cette question. Mais pitié, sortons de ce mythe dans lequel le seul but des entreprises alimentaires est de faire du mal à ses consommateurs.