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🎙️ Ludovic Rachou nous parle de l’UIVEC et du CBD [1/2]

Chanvre, CBD, cannabinoïdes… autant de sujets incontournables, notamment pour Culture Nutrition. Pour en savoir plus, nous vous proposons de découvrir une interview exclusive de Ludovic Rachou, président de l’UIVEC, l’Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre.

Bonjour Ludovic, pouvez-vous vous présenter ainsi que l’UIVEC ?

Je suis avant tout co-fondateur de la société Rainbow. Il s’agit d’un groupe qui s’intéresse à tous les débouchés du Chanvre à travers un axe bien être. La mission de Rainbow est de combattre tous les effets du stress avec des solutions naturelles. On s’intéresse au chanvre et à d’autres plantes. Nous avons commencé avec 2 marques :

  • Une marque de cosmétiques qui s’appelle PEACE & SKIN et basée en France
  • Une marque qui s’appelle KAYA, spécialisée dans les produits alimentaires à base de plantes adaptogènes et CBD, basée en Angleterre.

Aujourd’hui, Rainbow c’est 30 personnes, alors que nous étions 5 il y a quelques mois.

Nous vendons aujourd’hui nos produits dans 5 pays : Allemagne, Angleterre, France Italie et Pologne. Et nous avons des bureaux à Paris, Londres et Berlin.

Rainbow n’est pas déconnectée de l’UIVEC, loin de là. Dans ce cadre, nous avons décidé avec d’autres sociétés du secteur des extraits de chanvre et particulièrement des cannabinoïdes, de fonder l’UIVEC. Il s’agit de l’Union des Industriels pour la Valorisation des Extraits de Chanvre. L’objectif est de rassembler tous les acteurs, notamment des acteurs établis dans des secteurs comme la santé ou la nutraceutique, qui souhaitent se positionner sur les extraits de chanvre.

De quoi parlez-vous précisément avec « les extraits de chanvre » ?

Quand nous parlons d’extraits de chanvre, nous parlons de tout ce que peut contenir la plante, notamment les fleurs et les feuilles. En revanche, il s’agit d’extraits de chanvre non stupéfiants. Il peut s’agir :

  • De cannabinoïdes comme le CBD ou le CBG
  • De terpènes qui ont des propriétés intéressantes d’un point de vue aromatique.

L’histoire a commencé en décembre, pour se concrétiser en février. L’UIVEC représente aujourd’hui une vingtaine d’adhérents et environ 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France et près de 15 000 emplois.

marché CBD

Qui sont les adhérents de l’UIVEC ? Pourquoi eux ?

L’idée est de rassembler tous types d’acteurs pour représenter toute la chaine de valeur et l’ensemble de la filière.

  1. Des chanvrières avec Planète Chanvre, qui est la 3e plus grosse chanvrière en France
  2. Des spécialistes de l’extraction et la fabrication d’ingrédients, avec Robertet ou Spectrum
  3. Des façonniers spécialisés dans les compléments alimentaires comme Strapharm ou Irati
  4. Des marques de produits finis, comme Rainbow ou PiLeJe
  5. Des fonctions plus « support » comme la stratégie, avec Nutrikéo par exemple

PiLeJe est d’ailleurs sur quasiment toute la chaîne de valeur.

Nous nous intéressons vraiment à l’usage de l’extrait de chanvre dans tous les produits finis. On intègre donc des acteurs du complément alimentaire, de l’agroalimentaire, de la cosmétique. Pour l’agroalimentaire, je pourrai vous citer Solinest par exemple (marques Ricola, Mentos ou encore qui distribue les produits Starbucks en GMS). Nous avons également de nombreuses sollicitations sur le petfood, le prochain segment qui va exploser.

Afin de concentrer nos actions, nous avons défini une ligne rouge.

Nous ne nous orientons pas sur :

  • Le cannabis récréatif
  • Le médical, même si frontière complément alimentaire et médical est parfois fine
  • L’agricole, car il existe déjà une interprofession dédiée à ces problématiques
  • Le tabac, le vapotage, ou encore les fleurs fumées

Qui était à l’origine du projet de l’UIVEC ?

A l’origine du projet, il y avait 3 personnes. Chez Rainbow, nous avons fait le constat que le paysage des acteurs de l’époque n’était pas représentatif des acteurs et des volontés du secteur.

Pour nous, Kanavape a fait franchir le pas et agit comme un signal. Cela a permis une importante clarification sur le caractère non stupéfiant du CBD. Après cette clarification, il s’agissait vraiment de dire, allons-y sur le CBD.

Or, malgré les signaux positifs, il n’y avait pas d’association qui regroupait les acteurs majeurs du secteur. Les acteurs étaient alors tous éclatés dans des organisations type FEBEA ou Synadiet.

L’interprofession représente uniquement la partie amont, et il y a également le syndicat professionnel du chanvre. J’en ai d’ailleurs été trésorier pendant 1 an et demi. Ce syndicat représente d’ailleurs des acteurs très variés, y compris sur le médical, avec une position assez ambiguë sur la fleur, notamment la fleur fumée.

Et c’est là où la distinction est importante. Si je prends l’exemple d’un groupe comme PiLeJe par exemple, il s’agit d’un acteur qui ne peut pas avoir de lien ou d’amalgame avec le cannabis dit récréatif.

La création de l’UIVEC a surtout été motivée par l’urgence de la situation réglementaire. L’arrêt Kanavape a vraiment « forcé » la France à se mettre en conformité. Il y a donc eu un temps très court de janvier à fin mars pour réécrire un arrêté. Il a donc fallu se constituer rapidement et être très proactif dans la recherche d’adhérents. Pour vous donner un ordre de grandeur, nous avons abordé près de 300 entreprises.

Les 3 acteurs à l’origine étaient Rainbow, Planète Chanvre pour le côté chanvrière, et Nutrikéo.

Quels sont les objectifs de l’UIVEC ?

Le premier objectif de l’UIVEC est de participer à la réécriture réglementaire en représentant les acteurs qui veulent constituer une filière auprès du régulateur. Il s’agit aussi de défendre ces acteurs, et de créer la filière en elle-même.

Nous avons aussi et surtout un rôle d’éducation à deux niveaux :

  • Du côté des pouvoirs publics
  • Avec les parties prenantes comme la BPI par exemple

Enfin, nous avons un rôle d’information. Nous agissons avec des supports de formation par exemple pour informer sur le sujet.

Nous allons parler de ce que tout le monde attend… la réglementation. Si vous deviez résumer en quelques phrases la situation actuelle, quelle serait-elle ?

En France la réglementation actuelle dépend du cadre réglementaire sur les stupéfiants avec l’arrêté du 22 août 1990. C’est ce qui encadre tout ce qui a trait à la culture du chanvre et son exploitation.

A la base, il s’agit d’un arrêté conçu pour permettre l’exploitation de chanvre. Il faut savoir qu’à l’époque, la France est l’un des seuls acteurs en Europe à se battre pour conserver cette culture. Il a été créé dans cet esprit pour conserver la culture et éviter tout amalgame avec les stupéfiants. Cet arrêté restreint l’utilisation du chanvre aux seules fibres et graines.

Aujourd’hui, selon ce texte nous n’avons pas le droit d’exploiter la fleur. Tout ce qui en est extrait est d’ailleurs considéré comme stupéfiant.

L’arrêt Kanavape a deux conséquences majeures.

  1. Dans le Droit européen, la cour de justice européenne a donné son interprétation des lois internationales (convention de l’ONU de 1961). Le CBD ne peut pas être considéré comme stupéfiant car dépourvu d’effets psychotropes et non considéré comme dangereux par l’OMS.

C’est un énorme changement qui clarifie le statut du CBD. Et ce qu’il faut rappeler c’est que le droit Européen prime sur le droit national.

  1. La seconde conséquence concerne la possibilité pour la France d’interdire ou non la circulation du CBD. En effet, on rappelle que le CBD est actuellement légalement produit dans d’autres états membres.  Au titre du principe de la libre circulation des marchandises au niveau européen, la France ne peut pas en restreindre le commerce.

Cet arrêt s’est uniquement penché sur les molécules contenues dans la plante, les ingrédients en clair. Il ne s’est donc pas posé sur la question des fleurs entières. La réglementation est donc en train d’être réécrite, puisqu’elle n’est plus en conformité avec le droit européen.

Ainsi, aujourd’hui, la réglementation est toujours en vigueur, mais non applicable, puisqu’on peut lui opposer le droit européen. C’est pour ça que les shops fleurissent actuellement. En effet, les autorités n’ont pas les moyens légaux de contrôle.

➡️ Rendez-vous demain pour la seconde partie de l’interview !

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