C’est avec grand plaisir que nous recevons sur Culture Nutrition Stéphane Brunerie. Stéphane est Directeur de l’offre et du marketing de ST Michel Biscuit où il s’efforce de faire bouger les lignes dans le secteur de l’alimentation. Sa recette : offrir au plus grand nombre la possibilité de consommer des produits gourmands de qualité. Il est également le créateur de StripFood, un média qui décrypte l’évolution de notre rapport à l’alimentation. En somme, Stéphane est à la fois acteur et observateur des mutations de notre société et de leurs impacts sur notre alimentation. Nous sommes partis à sa rencontre afin d’avoir son regard sur l’Alimentation avec un grand A. Mais aussi ses prédictions pour le monde de demain !
Retrouvez la première partie de l’interview ici.
Quels sont les enjeux prioritaires à relever pour construire cette Alimentation du futur ?
Je pense que l’enjeu central résidera avant tout dans le fait qu’elle puisse s’adresser au plus grand nombre et cela change tout ! En effet, concevoir un produit parfait mais accessible qu’à une minorité CSP + est-il vraiment satisfaisant ? Sincèrement, je ne le pense pas.
Côté producteurs et transformateurs, l’enjeu est d’intégrer plus fortement les impacts sociétaux et environnementaux dans le développement de l’offre alimentaire tout en veillant à respecter l’équilibre avec les dimensions plaisir et prix. C’est un exercice compliqué mais nécessaire qu’il faudra savoir valoriser : définitivement la qualité a un prix !
La notion de qualité doit être appréhendée plus finement en fonction des marchés, des segments et des attentes des consommateurs. Elle ne peut pas être le fruit du simple diktat de la minorité la plus bruyante.
Côté consommateur, l’enjeu réside à redonner de l’importance et donc de la valeur à son alimentation au quotidien. Cette valeur n’est pas qu’une question d’argent ! C’est aussi une question de temps. Par exemple, rééquilibrer alimentation industrielle et fait-maison est une bonne option et a de nombreuses vertus. En cela, l’éducation alimentaire dès le plus jeune âge est selon moi le premier maillon à activer. Les pouvoirs publics ont sur ce sujet une responsabilité immense.
De façon moins macro, que pensez-vous des applis de décryptage alimentaire ?
Les applications de décryptage alimentaire se multiplient et tout le monde en parle. Véritable réponse technologique à un besoin légitime de transparence du côté des consommateurs, leurs promesses ambitieuses sont de nous aider à faire les meilleurs choix pour mieux manger. En cela, c’est une bonne chose car elles sensibilisent le consommateur et les fabricants sur les évolutions des offres.
Maintenant, ces applications ne peuvent que servir de guide et ne doivent pas être considérées au pied de la lettre. En effet, la notion de qualité produit est très globale et surtout elle diffère selon les consommateurs et les produits.
Pour ma part, je pense que des applications comme Scanup ou C’est qui le Patron, qui délivrent via des sources fiables une palette de critères (nutrition, additifs, origines, environnement…), sans pour autant les pondérer de façon arbitraire, sont certainement celles qui sont le plus crédibles et qui ont le plus d’avenir.
➡️ Consultez notre article : tour d’horizon des applis de décryptage alimentaire
Nutri-score, bio, made in France… Que valent selon vous les labels ?
La multiplication des labels est une réponse à la montée de la défiance des consommateurs. En cela, c’est à priori une bonne chose.
Maintenant, tous ces labels ou allégations restent trop nombreux, très complexes à décoder, et surtout ils ne se valent absolument pas en matière de garanties. Il est à mon sens parfaitement illusoire de penser que le consommateur a la capacité de les intégrer. Il faut donc miser sur les plus pertinents et surtout ne pas en abuser. On voit également que le local (dont la définition n’est pas toujours simple) s’impose parfois comme une garantie encore plus forte que certains labels.
A noter que certaines initiatives veulent changer la donne en la matière : prenons l’exemple de la Note Globale. Cet indicateur intègrerait l’ensemble des critères de qualité afin de pouvoir comparer l’ensemble des produits via une seule note.
➡️ Découvrez notre décryptage de ces différents scores !
Avez-vous des coups de cœur à partager : innovations produits ? initiatives marquantes ?
Je parlerai de l’initiative de l’association Open Agri Food. Né à Orléans, il s’agit d’un évènement-projet qui a pour ambition de recréer du lien entre tous les acteurs de la filière alimentaire (agriculteurs, industriels, pouvoirs publics et bien entendu citoyens). Parmi les actions pertinentes engagées : la création de débats citoyens (sous format virtuel via Facebook cette année) ou encore des projets visant à faire de l’éducation alimentaire une priorité dès le plus jeune âge.
Et pour terminer, si l’on questionne le DM Saint Michel Biscuit : quelles sont vos best practice pour faire bouger les lignes dans le secteur de l’alimentation et/ou principaux défis que vous avez relevés ?
Pour engager autour de soi, il faut mettre les choses en perspective. Il faut arriver à montrer en quoi elles sont en phase avec sa propre histoire, ses origines et ses valeurs. Et, en quoi elles s’orientent vers un cap, une vision à long terme claire.
Selon moi, on ne peut pas prendre de bonnes décisions et contribuer à transformer le système si on regarde les choses avec des jumelles et si on ne se situe pas sur le long terme.
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