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Changement climatique et sécurité alimentaire : à quoi faut-il s’attendre ?

Qui a dit qu’il ne se passe rien durant l’été ? Lorsqu’il s’agit du changement climatique, il n’y pas de pause estivale. Le 7 août dernier, 195 pays ont approuvé un rapport élaboré par des experts du climat de l’ONU. Les données proviennent des nombreux experts et pays qui constituent le GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Ce texte, qui servira de référence pour les prochaines négociations sur le climat et l’environnement, s’intéresse à l’état des terres émergées et au changement climatique.

Des enjeux de durabilité pour la planète

Sans aucun doute, le mot d’ordre de ce rapport est le suivant : durabilité. Toutes les ressources doivent être considérées selon le prisme de la gestion durable, sous peine de ne plus pouvoir en disposer dans le futur. On parle alors de gestion durable des forêts, des sols mais aussi des cultures.

Pour envisager la pérennité de nos ressources, il faut prendre en compte les effets du changement climatique et du réchauffement de la planète. Les effets de celui-ci sont déjà visibles. Il s’agit dorénavant de limiter l’augmentation des températures, comme cela a été prévu lors de l’Accord de Paris en 2015. L’objectif fixé est de maintenir le réchauffement mondial bien en-dessous des 2°C, et en dessous de 1,5°C dans la mesure du possible.

Afin de réussir cela, il est capital de déployer de meilleures stratégies de gestion des terres, mais ce n’est pas la seule solution. Tous les secteurs sont concernés, et tous doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Agriculture : repenser les cultures traditionnelles

800 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire

Les enjeux sont de taille. La population mondiale augmente, et nous devons parvenir à la nourrir durablement. A cela s’ajoute le fait que, encore aujourd’hui, près de 800 millions de personnes souffrent d’insécurité alimentaire modérée à grave1.

De façon paradoxale, l’agriculture est l’une des causes majeures du réchauffement climatique, mais c’est également l’une des industries qui souffre le plus de ses conséquences. Par exemple, alors qu’il faudrait augmenter les rendements de production de céréales pour nourrir la population, ceux-ci baissent à chaque hausse de la température globale. Pour chaque degré gagné, on observe une baisse de rendement de 3,2 % pour le riz, 6 % pour le blé et 7,4 % pour le maïs2.

Les solutions : diversification, boisement, agro-foresterie…

Des solutions pour contrer les effets néfastes du réchauffement climatique sur les cultures existent, parmi lesquelles la diversification, le boisement et l’agro-foresterie. Celle-ci consiste à associer arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, afin d’améliorer la production en optimisant les ressources.

Elle a un intérêt puisque les forêts permettent de réduire les températures localement, et de stocker du carbone, ce qui permet de contrebalancer une partie de nos émissions. Selon Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC, « les processus terrestres naturels absorbent une quantité de CO2 équivalant presque au tiers des émissions dues aux combustibles fossiles et à l’industrie ».

Enfin, la diversification des cultures est un moyen intéressant d’accroître la résilience en cas de phénomènes extrêmes. En effet, cela permet par exemple d’enrayer la dégradation des sols, et d’améliorer la capacité d’adaptation à la variabilité des conditions météorologiques.

Qu’en est-il de la sécurité alimentaire ?

Le principe de sécurité alimentaire repose sur 4 éléments piliers :

  • La disponibilité : rendement et production
  • L’accès : prix et capacité d’obtenir de la nourriture
  • L’utilisation : nutrition et possibilité de cuisiner
  • La stabilité : irrégularité de la disponibilité

Chacun de ces piliers sera impacté, ou l’est déjà, par le changement climatique. Par exemple, la baisse des rendements de culture est déjà constatée, principalement dans les régions tropicales. Progressivement, nous connaîtrons une augmentation des prix, une réduction de la qualité des aliments et de leurs nutriments, ainsi que des perturbations de la chaîne d’approvisionnement.

Les effets les plus prononcés sont à prévoir dans les pays à plus faible revenu en Afrique, Asie, Amérique Latine et dans les Caraïbes. Ces pays sont déjà globalement plus impactés par des problématiques de malnutrition et d’insécurité alimentaire.

Une priorité : réduire le gaspillage alimentaire

Le changement climatique amène à se poser la question de produire plus, pour compenser les rendements de production qui diminuent. Cependant, au lieu de produire plus, on pourrait à la place mieux valoriser ce que l’on produit déjà actuellement.

On sait qu’un tiers de la production alimentaire mondiale est soit perdue, soit gâchée. De nombreuses raisons expliquent ce chiffre impressionnant, et elles dépendent des pays et des régions du monde. Outre le gaspillage à la maison, beaucoup de denrées alimentaires sont gâchées lors du transport et dans les circuits de distribution.

En plus de ne pas servir son but premier, à savoir nourrir la population, la nourriture gaspillée est responsable d’émissions de gaz à effet de serre inutiles. Réduire le gaspillage permettrait alors de réduire les émissions, et ainsi de limiter leurs effets négatifs sur la sécurité alimentaire.

Adapter nos régimes alimentaires au changement climatique et cultiver l’entraide internationale

Vers un régime mondial flexitarien ?

De la même façon que les espèces végétales doivent s’adapter aux nouvelles conditions climatiques, l’espèce humaine va devoir revoir son régime alimentaire. Le GIEC conseille dans le rapport d’évoluer progressivement vers des régimes alimentaires équilibrés riches en aliments d’origine végétale. Cela inclut les céréales secondaires, comme l’orge, l’avoine, l’épeautre ou le seigle, des légumineuses et des fruits et légumes. Un régime alimentaire durable peut inclure des produits d’origine animale dans la mesure où leur production est durable, et réalisée dans des systèmes à faibles émissions de GES.

Qu’entend-on par entraide internationale ?

Enfin, comme cela a déjà été souligné dans le dernier rapport de la FAO, un moyen de lutter contre les effets du changement climatique serait de lutter contre les inégalités. Certaines terres se retrouveront incultivables, et il conviendra d’approvisionner les populations environnantes avec des produits cultivés dans d’autres régions du monde.

La mobilisation doit être générale afin d’assurer la durabilité et la pérennité des systèmes face au changement climatique. Elle doit inclure une faible croissance démographique, une réduction des inégalités, une meilleure nutrition et une diminution du gaspillage alimentaire.

  1. FAO, 2019 – 2. GIEC, 2019

Cet article a été rédigé avec Solène Dhôte, assistante chef de projet. Merci à elle !

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