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Allons-nous bientôt consommer une bactérie pour courir plus longtemps ?

Qualifié de « deuxième cerveau » en raison de son réseau neuronal important et de l’axe intestin-cerveau, le microbiote intestinal fait depuis plusieurs années déjà l’objet de nombreuses études et ses liens avec de nombreux troubles de la santé commencent à être identifiés.

Le potentiel du microbiote

Digestion, immunité, sphère ORL, troubles respiratoires et même dépression, la compréhension du microbiote intestinal pourrait bien être la solution à nombre de nos problèmes… « Popularisé » auprès du grand public par des ouvrages comme « Le charme discret de l’intestin » de Giulia Enders, succès surprise avec plus d’1 million d’exemplaires vendus en Allemagne et traduit dans plus de 30 langues, le microbiote intestinal n’a pas fini de nous révéler ses secrets. Aujourd’hui, c’est du monde de la nutrition sportive qu’il nous ouvre les portes.

Veillonella atypica, l’arme cachée des marathoniens ?

Récemment, des chercheurs américains ont publié dans le prestigieux journal Nature Medicine une étude liant la bactérie Veillonella atypica à une amélioration de la performance sportive chez les marathoniens.

Identifiée en 2015 chez les coureurs du marathon de Boston, cette bactérie métabolise l’acide lactique produit par les muscles lors de l’exercice et le convertit en propionate, un acide gras à chaîne courte. Rappelons que l’acide lactique cause brûlures musculaires, crampes, etc. en s’accumulant dans les muscles au cours d’un effort sportif. Le propionate, impliqué dans la néoglucogenèse (fabrication de glucose), permet d’influencer le métabolisme du sucre sanguin, la consommation d’oxygène et l’inflammation, y compris dans les muscles, et ce faisant, d’améliorer les performances physiques. La particularité de Veillonella atypica ? C’est l’une des seules du corps humain à utiliser l’acide lactique comme unique source de carbone, et elle n’est présente en quantité que chez les athlètes d’endurance.

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Des résultats scientifiques encourageants

L’évolution du microbiote intestinal est liée à des critères comme notre alimentation, notre état mental ou encore notre pratique sportive. Il n’est alors guère étonnant que la bactérie qui nous intéresse soit présente en grande quantité chez les athlètes d’endurance. Les chercheurs ont en 2015 prélevé des échantillons fécaux chez des coureurs une semaine avant et une semaine après le marathon de Boston, qu’ils ont comparé à des échantillons provenant de personnes sédentaires, aux mêmes périodes. Cela a permis de déterminer que le nombre de bactéries, déjà élevé chez les coureurs avant l’effort, montait en flèche après celui-ci. Une sorte de relation symbiotique : les bactéries aident le coureur à aller plus loin, en échange de quoi se reproduire et prospérer.

De ce fait, les chercheurs de Harvard ont donc cherché à aller plus loin, et à évaluer l’effet de cette bactérie sur la performance sportive. Ils ont donc isolé la bactérie Veillonella atypica avant de l’inoculer à des souris dont les performances athlétiques ont été comparées à un groupe témoin auquel a été inoculé une bactérie différente, Lactobacillus Bulgaricus, dont le rôle était de simuler la charge bactérienne mais sans cataboliser l’acide lactique. Résultat : une amélioration significative des performances chez le groupe traité.

Quelles implications santé pour demain ?

Cependant, il n’est pas certain que les résultats obtenus sur les souris soient transposables à l’homme. Toutefois, de telles perspectives font naître l’espoir d’applications santé de cette bactérie unique. « Ce que nous envisageons est un supplément probiotique que les gens peuvent prendre pour augmenter leur capacité à faire de l’exercice de manière significative et donc à se protéger contre les maladies chroniques, notamment le diabète. » déclare ainsi Aleksandar Kostic, un des auteurs de l’étude. On espère pouvoir « s’attribuer » les pouvoirs des athlètes d’endurance, en quelque sorte.

Un espoir à mettre en perspective, au regard des autres études récentes sur le sujet : une publication dans la revue Science Translational Medicine parue en 2019 met en avant le fait que le E280 (nom industriel du propionate, utilisé comme antifongique dans l’agroalimentaire) pourrait jouer un rôle dans l’apparition de troubles métaboliques dont l’insulinorésistance.

Aujourd’hui, de notre côté, nous espérons que l’avenir (et surtout les recherches subséquentes !) donnera raison aux chercheurs de Harvard et que vous pourrez bientôt découvrir sur Culture Nutrition les produits probiotiques de demain. En attendant, n’hésitez pas à venir découvrir notre article sur les innovations liées au microbiome et à télécharger la plaquette de notre carnet des tendances : une rubrique toute entière y est dédiée !

Cet article a été rédigé avec Aymeric Fagué, assistant Consultant Chef de projet, merci à lui !

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