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Avis de l’ANSES sur la glucosamine et la chondroïtine, faut-il s’inquiéter ?

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a publié un avis relatif « aux risques liés à la consommation des compléments alimentaires à visée articulaire contenant de la glucosamine et/ou de la chondroïtine sulfate ». 

Glucosamine et chondroïtine : ingrédients phares pour la santé articulaire

La chondroïtine sulfate est une molécule présente dans les tissus conjonctifs et cartilagineux. Elle est synthétisée par l’organisme à partir de glucosamine. Ces structures assurent entre autres l’élasticité des cartilages, des tendons et de la peau. Divers compléments alimentaires proposent des produits positionnés sur le confort articulaire grâce à la synergie de ces deux molécules, souvent extraites de crustacés. Selon le Syndicat National des Compléments Alimentaire (Synadiet), le nombre de boîtes vendues en France est estimé à environ 1 million par an [1].

Le dispositif Nutrivigilance crée l’alerte

Les autorités sanitaires ont été alertées par le dispositif de Nutrivigilance mis en place depuis 2009. L’Anses a reçu 74 déclarations d’effets indésirables susceptibles d’être liés à la consommation de compléments alimentaires à visée articulaire. Ils ont donc déclenché une procédure afin d’identifier les risques sanitaires potentiels, indépendamment d’une éventuelle efficacité de ces compléments alimentaires.

Des actifs phares, dénués d’allégation autorisée

La chondroïtine sulfate et la glucosamine sont commercialisées dans la plupart des pays européens en entrant dans la formule de médicaments, avec ces claims :

  • Les produits contenant de la glucosamine sont indiqués dans le « soulagement des symptômes de l’arthrose légère à modérée du genou ».
  • Ceux avec de la chondroïtine sont destinés au « traitement symptomatique à effet différé de l’arthrose de la hanche et du genou ».

En revanche, aucune allégation n’a été accordée par la Commission Européenne [2] pour une application dans des denrées alimentaires (et donc les compléments alimentaires).

51 % des produits du marché ont une teneur en glucosamine et chondroïtine non conforme

En 2008, l’Afssa a défini une dose maximale d’apport de 500 mg/j pour la glucosamine et la chondroïtine sulfate. La DGCCRF recommande de ne pas dépasser la dose journalière de 1000 mg/j pour la glucosamine et de 900 mg/j pour la chondroïtine sulfate dans les compléments alimentaires [3]. 

La DGCCRF a mené une enquête en 2017 sur 43 produits à visé articulaire.  « 51 % des produits analysés ont été déclarés non conformes en raison d’une teneur réelle inférieure ou supérieure à la teneur annoncée [sur l’étiquetage] et/ou du fait de teneurs supérieures aux seuils pharmacologiques ». 4 produits présentaient des teneurs supérieures aux limites fixées pour les compléments alimentaires.

L’Anses déconseille la glucosamine et la chondroïtine pour les populations spécifiques

L’Anses a étudié 23 déclarations d’effets indésirables identifiés comme possiblement liés à la prise de compléments alimentaires contenant de la glucosamine ou de la chondroïtine sulfate. Ces observations ont été confrontées aux données scientifiques afin d’identifier les risques associés à leur utilisation.

Au vu des conclusions de ce rapport, la consommation de ces compléments alimentaires ne présente pas de risque sanitaire notable.  L’étude a tout de même mis en évidence des populations spécifiques chez lesquels la consommation de ces produits est déconseillée. C’est le cas des personnes diabétiques ou pré-diabétiques, asthmatiques, traitées par anti-vitamine K et les personnes présentant une allergie alimentaire aux crustacés ou aux insectes ou dont l’alimentation est contrôlée pour le sodium, le potassium ou le calcium. L’absence de données suffisantes pour les femmes enceintes ou allaitantes, et les enfants pousse également les autorités à leur déconseiller ces produits.

De plus, l’Anses estime nécessaire que les doses maximales journalières autorisées soient harmonisées, sur la base de données de sécurité issue d’études robustes. Aujourd’hui manquantes.

Les recommandations de consommation de l’Anses

De manière générale, l’Anses ne conclut pas à une dangerosité. Elle émet simplement quelques recommandations de consommation :

  • Solliciter l’avis d’un médecin lors de la consommation de compléments alimentaires ;
  • Eviter l’apport d’un même ingrédient par différentes sources (compléments alimentaires, médicament…) ;
  • Privilégier la consommation de compléments alimentaires présentant des formulations simples ;
  • Eviter la consommation concomitante de plusieurs compléments alimentaires ;
  • Signaler la consommation de compléments alimentaires à son médecin ou son pharmacien.

Dans le cadre d’une consommation raisonnée et encadrée, les compléments alimentaires contenant de la chondroïtine et de la glucosamine sont donc appropriés pour le confort articulaire. Rappelons que ce segment représentait 54 M€ en 2018 en pharmacie, donnée que vous pouvez retrouver dans le bilan 2018 du marché.  Malgré une évolution en recul en 2018 (- 3,8 % par rapport à 2017), il s’agit de l’un des segments les plus dynamiques de ces dernières années (+ 23,8 % entre 2015 et 2018), qui a besoin de s’appuyer sur des ingrédients fiables et validés scientifiquement.

Cet article a été rédigé avec Mathilde Mauzé, assistante Consultante Chef de projet.


  1. Estimation communiquée par le Syndicat National des Compléments Alimentaires (Synadiet) sur la base de données recueillies en mars 2016 par IMS Health pour le secteur « pharmacie et parapharmacie » et IRI pour le secteur « grandes et moyennes surfaces » – 2. Les différentes allégations et leur statut sont consultables sur le site de la Commission européenne : http://ec.europa.eu/food/safety/labelling_nutrition/claims/register/public/?event=register.home  – 3. Liste des substances à but nutritionnel ou physiologique éligibles à l’article 15 sous condition : https://www.economie.gouv.fr/files/files/directions_services/dgccrf/securite/teleicare/table-sbnp-sous-conditions.pdf (consultée le 3 avril 2018)  

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