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Guide alimentaire canadien / PNNS : les mises à jour laissent tomber les portions & familles d’aliments

Le premier Guide alimentaire canadien a été publié en 1942 sous le titre « Les Règles alimentaires officielles au Canada ». En janvier dernier, il a été entièrement mis à jour. Tout comme notre PNNS français, il fait largement la promotion des comportements sociaux liés à l’alimentation : cuisiner, partager ses repas etc. La rédaction de Culture Nutrition s’est intéressée à la genèse de ce guide, à ses évolutions et ses similitudes avec le PNNS, lui-même au cœur de l’actualité. Et si ces mises à jour conduisaient à totalement revoir notre façon de parler d’alimentation ?

Un peu d’histoire autour de ce guide alimentaire…

En 1942, sous le nom « Règles alimentaires officielles au Canada », il avait pour objectif de prévenir les carences nutritionnelles et d’améliorer la santé de la population canadienne en temps de guerre. Il était assez précurseur puisque des feuillets intitulés « Contrôlez votre efficacité en temps de guerre » étaient insérés dans les enveloppes de paie ! Cette version du guide était centrée sur les différents repas de la journée et sur le rôle du lait dans l’alimentation.

Il a ensuite vécu de nombreuses éditions, pour finalement prendre sa forme actuelle (depuis 2007) sous le nom « Bien manger avec le Guide alimentaire canadien ». La particularité de ce guide est sans doute son temps d’avance sur ce qui se passe en France, puisque les notions de « substituts » y figuraient déjà :

  • Substituts de viande, sous-entendues les légumineuses
  • Substituts de produits laitiers, à savoir les jus & desserts végétaux et notamment de soja

Cela reflète probablement la différence de proportion entre la population végétarienne en Amérique (autour de 6 %) et en Europe (entre 0,5 et 4 %) [1].

Quels changements majeurs dans le Guide alimentaire canadien ?

Tout comme le PNNS, mis à jour le 22 janvier dernier, le Guide alimentaire canadien semble faire disparaître 2 éléments pourtant fondateurs jusqu’à présent : les portions et les familles d’aliments.

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  • Concernant les familles d’aliments : le Canada a « finalement tué les 4 familles d’aliments », selon un article publié sur le site Vice en janvier ! Et pourtant, il n’y en avait que 4 (contre 7 en France) : fruits & légumes, produits céréaliers, lait & substituts, viandes & substituts.

 

  • Concernant les portions : il faut dire que le système de portions mis en place au Canada proposait un découpage par âge et par sexe… rendant la chose plus que complexe. Jugez par vous-même (image ci-contre) : qui est capable de comprendre ou même de mémoriser cela ?

 

Pourquoi de tels changements, alors qu’on nous parle des « 5 portions de fruits & légumes » depuis plus de 15 ans ? Et bien peut-être parce que nous avons trop intellectualisé l’acte alimentaire, trop mathématisé, et qu’après tout, manger est surtout un plaisir. Que ce soit au Canada ou en France, on dirait bien que les autorités assument enfin le lâcher-prise. Enfin, c’est le plaisir de la table qui a guidé les nouvelles recommandations. On peut même parler d’alimentation positive vs des injonctions descendantes.

France-Canada, même combat : plus quali, moins quanti

Voici donc à quoi ressemble les nouvelles recommandations publiées par Health Canada ↓
Ainsi qu’un comparatif Avant / Après pour les recommandations françaises ↓

Source Santé Publique France

Dans les deux cas, nous évoluons vers :

  • des conseils plus que des recommandations,
  • qui ne sont plus quantitatives mais plutôt qualitatives

Le Guide alimentaire canadien a très bien joué le jeu en fournissant des conseils adaptés aux différentes situations de la vie : selon le lieu des repas (au travail, à l’école…), selon les âges de la vie (enfants, adolescents…) ou encore des moments à partager (« cuisinez plus souvent », « prenez vos repas en bonne compagnie »). Avec comme mot d’ordre : « Une alimentation saine, c’est bien plus que les aliments que vous mangez ». En France, les recommandations ne sont pas encore déclinées en communication, mais il sera intéressant de voir comment elles sont illustrées visuellement. Nous avons également hâte de voir ce qu’il adviendra des mentions sanitaires du type « Ne mangez pas trop gras, trop sucré, trop salé« .

Et si nous nous trompions depuis 15 ans ?

En matière d’alimentation, les choses changent souvent. Trop souvent ? C’est déjà compliqué à suivre quand on est un professionnel, mais alors pour un consommateur… C’est donc depuis 2001 que nous travaillons sur les portions ou les familles d’aliments en France. De grands groupes comme Nestlé en ont fait un cheval de bataille. Mais comme l’a conclu le HCSP, cela ne fonctionne pas. Il y a toujours 50 % de Français qui souffrent de surpoids [2] et seuls 27 % d’entre eux répondent correctement à des questions simples sur la nutrition [3].

A priori, il est donc préférable de changer notre fusil d’épaule maintenant. En effet, à quoi bon asséner des recommandations si elles ne sont pas suivies, même dans une petite proportion ? Et surtout, si elles ne sont pas atteignables ? Comme pour tout changement de comportement, il est indispensable de se fixer des objectifs réalistes. Or en l’absence d’objectif chiffré, l’effort à réaliser semblera probablement moins douloureux.

[1] Vegeactu Le végétarisme en Europe et dans le Monde, 2013.

[2] Ministère de l’Agriculture, Dossier de presse – Nutri-score, Oct 2017

[3] Sharf M., et al., 2012. Figuring out food labels

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