Ces dernières années, les diverses avancées scientifiques menant à une meilleure connaissance du génome humain ont permis le développement de la médecine personnalisée, ou comment mieux traiter le patient suivant son profil génétique. Les scientifiques ont compris ce potentiel et cherchent d’autres applications que la médecine stricte. C’est ainsi que l’on voit apparaitre petit à petit la nutrigénomique ou comment comprendre l’action des nutriments sur le patrimoine génétique, et pourquoi les personnes y réagissent différemment en fonction de leurs variations génétiques.
Ce domaine encore embryonnaire permet d’ouvrir de nombreuses applications car, en comprenant mieux ces phénomènes, il serait possible d’agir dessus pour améliorer la santé des populations et prévenir l’apparition de problèmes de santé comme l’obésité ou le diabète de type 2.
C’est dans ce contexte qu’est né il y a 4 ans le projet européen Food4Me impliquant un consortium de 25 partenaires et 12 pays d’Europe. Le projet a étudié comment la génétique, le phénotype et la diététique agissent ensemble et comment agir sur ces paramètres.
Plusieurs aspects ont été testés par Food4Me sur une population de 1 500 personnes, notamment l’efficacité d’une nutrition individualisée basée sur le matériel génétique et le niveau d’intérêt des consommateurs. Pour répondre à ces questions, plusieurs groupes ont été formés. Un groupe témoin ne recevait aucun conseil personnalisé mais seulement les recommandations nutritionnelles classiques. Les autres groupes recevaient des recommandations personnalisées selon leur mode de vie ou selon leur mode de vie plus leur génotype et phénotype.
L’étude Food4me a montré que les 2 groupes testés avaient un régime plus sain par rapport au groupe témoin. Un résultat positif donc, mais les changements de comportements alimentaires notés devront prouver leur efficacité sur la durée et à grande échelle. Pour ce qui est de l’intérêt, la population testée serait prête à payer pour des services relatifs à une nutrition personnalisée.
Food4Me démontre donc des perspectives intéressantes et très ambitieuses pour la nutrigénomique. En plus d’un réel intérêt de santé publique, on note un important levier marketing. En effet, avec un coût pour un service de nutrition spécialisée estimé entre 40 et 400 € par personne, la taille du marché européen pourrait atteindre entre 6 à 18 milliards d’euros. D’après Food4Me, la nutrigénomique représenterait une réelle opportunité de développement de services, relayés par l’utilisation de réseaux sociaux, d’applications pour smartphone… Il resterait cependant à affiner les résultats des études, mais aussi à définir comment gérer et protéger les données dites de santé et donc privées.
