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graines de coton comestibles

Ingrédient du mois – Les graines de coton, vers une nouvelle forme de protéines

Autoriser l’utilisation du coton dans l’alimentation humaine : voici le projet auquel le Dr. Keerti Rathore a consacré plus de la moitié de sa carrière professionnelle. Il n’est pas question ici de la fibre, utilisée pour confectionner des tissus, mais de la graine de coton. Celle-ci constitue une véritable ressource en protéines. Une richesse à ne pas négliger notamment dans les pays où la malnutrition fait rage. Jusqu’aujourd’hui, la graine de coton était impropre à la consommation humaine en raison de sa teneur en gossypol, une molécule toxique. Récemment, le département de l’agriculture des Etats-Unis a autorisé la commercialisation d’un coton génétiquement modifié à très faible teneur en gossypol. Alors le coton dans nos assiettes, c’est pour quand ?

Le gossypol, une molécule toxique pour les humains et les animaux monogastriques

Le gossypol est une toxine qui rend le coton impropre à la consommation humaine. Ce pigment jaune polyphénolique présent dans toute la plante est fabriqué par celle-ci pour se défendre contre les parasites. Dans les années 1970, des scientifiques ont mis au point des variétés de coton sans gossypol. Ceux-ci se sont alors avérés hypersensibles face aux ravageurs.

Il a fallu plus de 30 ans pour découvrir que le gossypol présent dans les graines n’avait pas d’effet sur les ravageurs. Effectivement, seul celui présent dans les feuilles et les tiges sert à dissuader les nuisibles.

Des graines de coton à faible teneur en gossypol

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C’est alors grâce à la méthode de l’ARN interférent qu’une variété de coton à faible teneur en gossypol a été obtenu. Cette modification génétique permet de réduire un gène au silence et ainsi de produire un coton dont le gossypol est éliminé de la graine. La concentration en cette molécule toxique reste cependant inchangée dans les feuilles, les racines et les organes floraux. Ce procédé très couteux en vaut la chandelle !

Le département de l’Agriculture des Etats-Unis a alors autorisé la commercialisation du plant de coton génétiquement modifié à très faible teneur en gossypol : le coton TAM66274. Cette variété répond aux normes de l’Organisation Mondiale de la Santé en matière de consommation alimentaire. La dernière étape avant les premiers semis en champ sera l’approbation par la FDA (Food and Drug Administration).

 

Utilisation actuelle du coton

Aujourd’hui largement sous-exploitées, les graines de coton sont principalement utilisées pour l’alimentation des ruminants ou transformées en huile alimentaire. Par exemple, la nouvelle pâte à tartiner Milka contient en majorité de l’huile de coton, à hauteur de 20 %, et un peu d’huile de palme (3.5 %) pour matière grasse. Une composition en transition globalement préférable pour l’environnement et la santé !

Pâte à tartiner milka

Les principaux pays producteurs sont l’Inde, suivi de la Chine et des Etats Unis. Aussi cultivé dans d’autres pays d’Asie et d’Afrique, la future commercialisation du coton TAM66274 pourrait alors être une nouvelle source de revenus pour les cultivateurs ainsi qu’un moyen de lutte contre la malnutrition. La graine de coton ne compte pas moins de 23 % de protéines, un taux relativement élevé, en comparaison avec le riz blanc qui en contient 7 % ou le blé, 13 %. De plus, « si tout le coton actuellement cultivé était remplacé par une variété comestible, nous aurions de quoi couvrir les besoins quotidiens en protéines de 600 millions de personnes », assure Kater Hake, le vice-président de Cotton Inc., une association de recherche qui cofinance le projet du Dr. Keerti Rathore.

 

Le coton dans nos assiettes, mais sous quelle forme ?

Pour l’industrie agroalimentaire, la graine de coton se rapproche plutôt des oléagineux tels que les noix ou les amandes. Elle peut notamment être déguster entière comme une noix de cajou par exemple. Mais les industriels sont plus attirés par ses produits dérivés. Ils ont pour perspectives du lait de coton, des crackers, des cookies, du beurre de coton ou encore d’autres substituts protéiques. Les graines de coton pourront aussi être intégré sous forme de poudre dans des barres énergétiques et des farines. L’industrie vise également le marché de l’alimentation animale et notamment de l’aquaculture pour tendre vers une solution alternative plus écologique et à moindre coût.

Cependant, il faudra encore attendre quelques années avant que les terres se renouvellent et que la transformation génétique mise au point soit incorporée dans des variétés de coton commercialisées. De plus, dans les années 1980, une première tentative de culture de coton sans gossypol a eu lieu en Afrique. Cette expérience ayant tourné au désastre, les agriculteurs se sont découragés et sont désormais plus réticents.

Alors pour l’arrivée des graines de coton dans nos assiettes, soyons encore patients malgré l’avancée des recherches et l’évolution des réglementations.

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